Le procureur requiert cinq ans fermes contre les leaders de Iyina
Le procès des deux leaders du mouvement citoyen Iyina enlevés respectivement le 6 et 15 avril 2017 par l’Agence nationale de sécurité (ANS), gardés au secret et remis à la police judiciaire le lundi 23 avril dernier s’est ouvert ce jeudi 27 avril 2017 au palais de justice de N’Djamena.
Arrêtés pour avoir annoncé l’observation d’une journée Iyina le 10 avril 2017, Nadjo Kaïna, porte-parole et Bertrand Solloh Ngandjei, rapporteur du mouvement citoyen Iyina sont poursuivis pour tentative de complot et provocation d’attroupement.
Les deux activistes ont expliqué tour à tour les circonstances de leur arrestation et les conditions de détention. « Nous avons été séquestré, torturé par l’Ans avant d’être présenté à la police nationale. A la détention secrète de l’Ans on nous a posé assez de questions et voulait me faire porter le chapeau des casses des étudiants de l’université de Toukra en septembre 2016 mais je leur ai répondu que je ne suis plus étudiant donc je ne suis ni de près ni de loin mêlé à la manifestation des étudiants. Ils m’ont forcé à reconnaitre que les partis politiques sont derrière Iyina pour renverser le régime de Déby», explique Nadjo Kaïna à la barre. Ces mêmes questions ont été adressées à Bertrand Solloh Ngandjei qui a donné les mêmes réponses.
Selon les avocats de la défense, la procédure devrait commencer d’abord sur l’enlèvement, séquestration, torture et la présentation à la police 21 jours après pour Nadjo Kaïna et 10 jours pour Bertrand Solloh Ngandjei. Pour les pièces à conviction présenté au tribunal, les avocats expriment la nullité de ces pièces. Ceux-ci devraient doivent être présentées par le ministère public 24 heures avant l’ouverture du procès. Ces pièces sont donc nulles et ne doivent pas figurer dans le dossier. Il ajoute que le collectif Iyina est une plateforme hybride et l’appel de la manifestation a été relayé par les médias donc ce n’est pas un acte secret et il n’y a pas de complot selon les dispositions des articles 81 et 82 du code pénal évoqué par le tribunal. Deux avocats de la défense ont quitté le prétoire. Pour Frédéric Daïnonet, avocat de la défense, il y a amalgame dans la procédure. « Seul la justice peut rétablir le droit bafoué », soutient-il.
Le procureur dans ses réquisitions sollicite un emprisonnement ferme de 5 ans pour les deux activités. Délibéré le 4 mai 2017.
Djimnayel Ngarlenan