Edito

Edito N°051

Edito N°051 1

Dites la vérité au Président  

La tuerie de neuf prisonniers et un gendarme dans la nuit de lundi à mardi 12 avril 2017 près de Massaguet lors de leur déportation à la prison de haute sécurité de Korotoro par un commando,  ressemble  à un scénario du film américain « le détour mortel ». Cela vient rajouter à une longue liste de tuerie perpétrée sur des citoyens tchadiens alors que l’Etat est le garant de la paix et de la sécurité de ses citoyens. Cette attaque confirme une fois de plus l’état de déconfiture dans lequel notre pays est plongé.

Un paradoxe étonnant pour un pays dont la réputation est celui d’un ilot de stabilité dans une région tourmentée. Le Tchad est le gendarme du sahel. Là où les soldats Tchadiens arrivent, les djihadistes et autres terroristes prennent leurs jambes à leurs cous. Malheureusement, le Tchad est incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens à l’intérieur de ses propres frontières.

Plus d’une fois, des individus lourdement armés exécuté, tué et maltraité leurs concitoyens. D’autres prennent en otage tout un quartier parce qu’ils ont le pouvoir et des armes. Ni la police, ni la gendarmerie, ni la garde nationale, ni l’armée n’ont pu les arrêter. Ces individus ont le droit de vie et mort sur leurs concitoyens, personne ne peut les toucher. C’est ainsi qu’ils ont osé une fois de plus mettre en exécution leur plan macabre en tuant des prisonniers pendant qu’ils attendent la justice. Malgré les textes et lois de la république interdisant aux individus de se rendre justice, ceux-ci violent le principe et exécutent leurs concitoyens. Ce qui amène à remettre en cause l’existence de l’Etat.

Ces scènes de violence auxquels nous assistons ces derniers  temps au Tchad sont condamnés par l’ensemble de la société. D’abord, les proches collaborateurs du Président Déby. Dans le silence des salons et les apartés, ils ont condamné à l’unanimité l’expédition macabre de la nuit du 12 avril. Chacun dans son coin tout en déplorant le comportement barbare et inhumain, estiment que c’en est de trop. Mais personne n’ose dire cette vérité au chef de l’Etat. Pour beaucoup, il est temps d’arrêter l’hémorragie. Malheureusement, aucun n’a levé le doigt pour dire cette vérité au Président Déby qu’il est temps de discipliner ses frères. Ce qui ressemble au conseil tenu par les rats  dans Les fables de La Fontaine.  Les intérêts égoïstes, la peur de perdre son poste, d’être humiliés  ont eu raison de la conscience de l’intellectuel qu’ils sont.  D’autres sont retenus par leur ventre.

Or, Joseph Fiévée disait à Bonaparte à travers son ouvrage Correspondance et relations avec Bonaparte que, la politique n’étant qu’un enchainement de conséquences, toute vérité isolée devient un mensonge dans l’ordre social. Ce qui prouve que le peuple tchadien est en train de récolter le mensonge que ces ministres et dignitaires du pouvoir ont semé depuis près de trois décennies. Résultats, tuerie, cherté de vie, confiscation de pouvoir, corruption, crime économique sont devenus le lot quotidien de la population. Le Tchad semble être sur un volcan et son devenir est menacé. C’est pourquoi, dire la vérité est un devoir d’un patriote, refuser de dire  la vérité est un crime. Alors messieurs les ministres dites la vérité à notre président pour changer la vie de ses concitoyens.  Le peuple en a marre et vous aussi. Qu’attendez-vous ?

 

La Rédaction