La vente des céréales subventionnés, organisée par l’Office National de Sécurité Alimentaire (Onasa) au profit des familles aux revenus modestes et des personnes vulnérables en cette période de soudure , ne se fait pas sans heurt au quartier chagoua dans le 7 ème arrondissement. De nombreuses personnes se disent lésées et dénoncent des ventes par affinité, par famille ou encore par pots de vin. Une situation qui pousse certains clients à jeter l’éponge.
A peine 7 heure, une ambiance bon enfant règne déjà dans la cour de l’école primaire publique du quartier Chagoua communément appelé « école pantalon ». Hommes, femmes, jeunes et vieux alignés en file indienne devant un bâtiment qui sert de dépôt. Ils attendent patiemment leur tour pour se procurer un ticket afin de pouvoir acheté un sac de maïs, de riz ou sorgho subventionné par l’Onasa. Remadji la quarantaine, assise à même le sol nous raconte son calvaire. « La vente se fait par ticket et pour recevoir un ticket soit, tu doit insister longtemps, soit c’est monnayant quelque chose. Si tu leur donne un peu d’argent, tu sera vite servi. Cela fait aujourd’hui 3 jours que je quitte la maison à 1 heure du matin pour être parmi les premiers à être servi mais en vain » se lamente-t-elle
A quelques pas d’elle, sa voisine debout berçant un bébé au dos et tenant un gamin de 4 ans d’une main, avoue avoir amené ces enfants pour susciter de la compassion. « J’étais là hier toute la journée mais je n’ai même pas eu droit à un ticket. Aujourd’hui j’ai pu avoir le ticket et acheter deux sacs de maïs grâce à mes enfants. Apparemment ils ont eu pitié de moi », raconte-t-elle.
Hormis les difficultés de se procurer un ticket, les équipes misent en place pour la vente ont développé un business plutôt juteux avec les commerçants et revendeurs de la place sous le regard impuissant de la population.
« C’est à se demander s’il existe réellement une commission de supervision des opérations de vente. Ce n’est plus une vente subventionnée pour sauver la population de la faim, mais plutôt un commerce pour eux. Nous voyons des camions venir charger chaque jours des dizaines de sacs ici. Celui qui a des moyens de négocier trouve facilement les sacs de céréale, pourtant se sont les couches vulnérables qui sont prioritaires », se plaint Raoul qui dit avoir renoncé à acheter les céréales après une semaine de va et vient.
Si quelques uns finissent par baisser les bras, d’autres par contre ont trouvé le moyen de se procurer les sacs de céréales subventionnés, sans passer par le protocole établi, grâce aux revendeurs. C’est le cas de Bernard enseignant qui attends patiemment à la sortie de l’école, avec un porte-tout à la main, qu’un revendeurs lui livre des sacs de riz qu’il a commandé. « C’est simple, il y’a des revendeurs qui ont accès facilement aux céréales. Il suffit de s’entendre avec eux. C’est vrai qu’ils vendent à un prix un peu plus élevé que celui de l’Onasa, pour un sac de riz vendu au prix initial à 12000fcfa, je l’achète avec les revendeurs à 15000fcfa ou 16 000fcfa mais c’est mieux que le prix du marché et j’en ai vraiment besoin », se défend-il.
Guillaume Barnabas,
stagiaire