Societé

« J’ai 11 enfants dont 7 filles, toutes ont eu leur bac, deux sont allées jusqu’au master »: Fatimé Zara Béchir

« J’ai 11 enfants dont 7 filles, toutes ont eu leur bac, deux sont allées jusqu’au master »: Fatimé Zara Béchir 1

A travers le projet « Confluences », Action contre la faim qui œuvre dans le social et l’humanitaire, réalise des activités d’identification des modèles genre au niveau communautaire dans la province du Kanem.
C’est en s’appuyant sur des modèles dotés d’une valeur intrinsèque servant de tremplin à l’autonomisation socio-économique des groupes sociaux et à l’implication des différentes couches dans les instances de prises de décisions qu’Action contre la Faim, mène cette activité.

Dans le Kanem, les pesanteurs socio-culturelles freinent le développement et surtout l’épanouissement des filles qui sont victimes du mariage précoce et d’autres préjugés ne pouvant leur permettre de rester longtemps à l’école. C’est ainsi que quelques établissements scolaires de la ville de Mao ont été ciblés à cet effet et c’est par le lycée Alifa Zezerti de Mao que la sensibilisation a débuté ce lundi 23 mai 2022.
Selon Bureau Morgodé Sylvestre, responsable du programme confluences d’Action contre la Faim, « nous avons identifié de modèles genres comme Fatimé Zara Béchir présidente de l’antenne Celiaf du Kanem, Aché Bougoudi, présidente de la plateforme des groupements transformateurs des produits locaux pour sensibiliser car, au Kanem les pesanteurs sociales dominent et à travers leurs témoignages en tant que femmes et modèles de réussite, le message passera auprès des jeunes filles pour qu’elles suivent leurs exemples et choisir de rester à l’école au lieu d’aller en mariage précocement ».

Pour Fatimé Mariam Béchir, « c’est les mères qui doivent se battre pour obtenir auprès de leurs maris le droit de la fille d’aller à l’école comme le garçon. Je suis mère de 11 enfants dont 7 filles. Tous mes enfants fréquentent normalement l’école-Toutes mes filles ont obtenu leur baccalauréat et deux ont même eu leur master », témoigne-t-elle avant d’ajouter « je n’ai pas beaucoup évolué à l’école mais regardez ce que je suis devenue avec le peu d’instruction que j’ai. Mes filles accrochez-vous et étudiez, car demain vous ne le regretterez pas », à t’elle poursuivit.

Aché Bougoudi demande aux garçons de plaider auprès des parents pour que leurs sœurs aient le droit de fréquenter l’école. « Vous devez les soutenir dans ce combat », a-t-elle dit avant d’expliquer son propre parcours l’ayant mené jusqu’à la tête de la plateforme qu’elle dirige aujourd’hui. « Grace à l’autonomisation de la femme, nous transformons tous les produits du Kanem sur place et cela nous permet de nous occuper de nos enfants », conclut-elle un brin, fière.

Commissaire Mallah, proviseur du lycée Alifa Zezerti explique. « Ici au lycée, les filles ont deux années de chance. Elles arrivent rarement en classe de terminale et le premier obstacle demeure le mariage. Ces élèves sont sous surveillance permanente car, même celles qui ne sont pas enceintes sont souvent déjà dotées et cela ne leur facilite pas la tâche. Malgré la sensibilisation, la solution définitive à ce récurrent problème semble lointaine », a-t-il déploré.

Abgué Boukar Christophe, envoyé spécial