Ainsi, une simple bagarre entre lycéens a fini par paralyser pendant des jours la capitale économique de la Tandjilé. L’une des familles éplorées suite aux rixes a défié l’autorité de l’Etat obligeant à l’instauration d’un couvre-feu.
Selon le récit de notre correspondant dans cette province, «la résidence du père du présumé assassin qui s’étend au moins sur une superficie d’un carré au quartier Djeingrin 2, est quasiment partie en fumée. Voiture et motos calcinées, les meubles et les couchages saccagés, denrées alimentaires et ustensiles de cuisine et bien d’autres objets jonchent au sol. La résidence est déserte…
Descendu sur terrain pour calmer les esprits, le gouverneur de la province de la Tandjilé, Doudlengar Miyayo a d’abord rencontré les autorités locales et la famille endeuillée. Il a appelé à la retenue. Un appel qui ne sera pas entendu. Pendant que le gouverneur et les autorités militaires sont en réunion de sécurité à la résidence du préfet du département de la Tandjilé Ouest, une alerte est lancée, obligeant les militaires à redescendre sur le terrain. Un groupe de femmes proches de la famille endeuillée s’en est pris aux forces de l’ordre. Jets de pierres autour de la concession du père du présumé assassin et cris de guerre. Une situation qui oblige les forces de l’ordre à faire des tirs de sommation et à lancer de grenades lacrymogènes mais sans succès.
Trois personnes dont un policier seront blessées et évacuées à l’hôpital.
Même si tout paraît calme dans d’autres quartiers de la ville, rien ne laisse présager pour l’instant que ses deux familles de différentes communautés résidentes à Djeingrin II, seront prêts à faire la paix ».
Résultat des courses, tous les policiers déployés dans cette ville ont été rappelés à N’Djaména et redéployés. Ils sont remplacés par d’autres. Un acte pris dans l’urgence mais qui ressemble à une sanction contre ces fonctionnaires qui ont été incapables de maintenir la sécurité publique.
Mais au-delà du factuel, les faits, tels que relaté illustrent la disparition de l’autorité de l’Etat et l’absence de justice qui pousse le citoyen à se faire justice lui-même. La police, nous n’avons eu de cesse de le dénoncer est pris en otage (Lire P3). A tel enseigne que le délinquant qui commet un forfait ne sera retrouvé que s’il est un citoyen minuscule ou n’ayant pas de « relations ». Cette pratique, bien ancrée alimente le sentiment d’injustice et la tentation de la justice parallèle. Le président du Conseil militaire de transition doit songer à désamorcer ces foyers de tensions, héritage de la gestion de son père, de peur que les petits incendies ne finissent par provoquer un embrasement généralisé.
La Rédaction