Des domiciles de 4 avocats au barreau du Tchad réquisitionnés tard dans la nuit du vendredi au samedi par des militaires. Une situation qui inquiète le bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionro qui appelle les autorités à faire la lumière sur ces incidents et à traduire les responsables à la justice.
Les faits se sont déroulés quasiment à la même heure et dans les domiciles avocats au barreau du Tchad. Entre 23 heures et demie, des militaires lourdement armés ont fait irruption au domicile Me Rassemadje Moguena. « (…) des gens frappaient a ma porte. Comme j’étais dans la chambre, j’ai été informé par l’un de mes petits et dès que j’ai ouvert la porte, des militaires sont entrés chez moi. Certains ont pris la porte du salon, d’autres les chambres et se sont mis immédiatement à faire des fouilles (…) Entretemps, personne ne s’est présenté. Ils ont réveillé tous les enfants et quand j’ai demandé à m’enquérir de la situation, l’un d’entre eux m’a dit que c’est une fouille générale dans tout N’Djaména », témoigne l’avocat. Après la forfaiture, les militaires vont, avant de partir proférer des menaces mais aussi essayer de passer au tabac l’un des frères cadets de l’avocat.
Au même moment, le domicile de son confrère Me Rassemadje Moguena sera aussi perquisitionné et le mode opérationnel est quasiment le même. « Il était 23h 15 minutes. J’étais déjà couché mais je causais au téléphone avec un ami au Cameroun. Il y a eu soudain des brouilles au portail. Ma femme et mon neveu se sont approchés pour demander qui est à la porte (…) C’est ainsi qu’ils sont revenus m’informer. Le temps de me lever, c’étaient des coups de crosse au portail et quand je veux demander qui sont-ils, un militaire a escaladé le mure, rentré dans la cour pour ouvrir la porte à ses collègues. (…) Quand ils sont entrés, se sont des menaces. Entre eux, ils parlaient zaghawa et pour nous parler, ils utilisent l’arabe. Quand je me suis présenté, l’un d’eux disait que je suis bandit », renchéri l’avocat.
Des faits similaires se sont produits chez deux autres avocats. Pour bâtonnier, ces actes ne ressemblent pas à des perquisitions. « Une perquisition se passe à des heures précises et nécessite une autorisation, une réquisition. Pas de présentation préalable, on arrive chez un paisible citoyen à une heure induite, on utilise tous les zèles en mettant ainsi en danger la tranquillité des paisibles citoyens », dénonce le bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionro.
Tout en tirant la sonnette d’alarme, le bâtonnier s’inquiète de la sécurité des Tchadiens de part le pays. « Si à N’Djaména des pareilles choses se passent, quel sera le sort de nos compatriotes dans les provinces », s’interroge le bâtonnier qui rappelle qu’il ne s’agit pas d’une perquisition?
Des actes qui rappelle au bâtonnier le comportement de certains commissaires « véreux » qui ont décidé rappelle-t-il de garder à vue des avocats ou d’exiger d’eux d’enlever leurs chaussures avant d’entrer dans leurs bureaux. « Ce fut le cas au Csp3 et au Csp9 pour ne citer que ceux-là ».
Face à ces situations, le président de l’ordre des avocats exige que lumière soit faite sur ces faits et appelle les autorités à retrouver leurs responsables pour les traduire à la justice.
Stanyslas Asnan