Edito

Edito N°048

Edito N°048 1

Négligence

Ainsi, c’est en toute impunité que des individus se sont infiltrés dans le canyon d’archet le 22 janvier 2017 jusqu’aux peintures rupestres où ils se sont amusés à peindre, à la peinture à huile, leurs noms et la date de leur passage…

En attendant que la justice ne les retrouve et qu’ils s’expliquent comme l’a demandé le ministère du développement touristique, des arts et de la culture, on pourrait imaginer que ces vandales voulaient, eux aussi passer à la postérité comme nos valeureux ancêtres, auteurs des peintures aujourd’hui, classées au patrimoine mondial de l’humanité.

Tout de même, la question que soulève cet incident qui a choqué plus d’un est de savoir ce que les autorités ont fait pour que le canyon d’archet entretienne la reconnaissance mondiale qui lui est accordée depuis une année.

Assurément pas grand-chose, vu la facilité apparente avec laquelle l’opération a été menée et le temps qu’on a mis à réagir. On est tenté de dire simplement que le site n’était simplement pas surveillé pour ne pas dire protégé.

Pour tout dire, même si les conclusions de la mission dépêchée sur place ne sont pas encore connues, il faut admettre une chose, il y’a eu négligence. Une négligence qui traduit le peu d’intérêt que le République accorde à la chose culturelle. Le cas d’Archet devrait sonner comme une alerte sur ce qui reste encore de notre patrimoine culturel qui disparait peu à peu, soit sur une saute d’humeur, soit pour des intérêts purement économiques. Un site sao, datant de plusieurs centaines d’années a fait place à une station de carburant aux portes de la ville.

Cette alerte doit aussi nous ouvrir les yeux sur ce qui arrive aux autres institutions telles que la bibliothèque et le musée national. Ces deux institutions, construits du temps de l’opulence ne sont plus aujourd’hui que des éléphants blancs, réduits à abriter des séminaires et autres réunions politiques. 

Pourtant, ces deux investissements dont l’un abrite une réplique du crâne de l’ancêtre de l’humanité devraient grouiller de curieux venus découvrir les richesses passées et actuelles du pays, son patrimoine, l’œuvre de ses enfants. Hélas, les deux joyaux ne sont finalement que des éléphants blancs avec un personnel qui a souvent une tête des mauvais jours. Le nouveau ministre de la Culture l’a rapidement compris en lançant une opération pour remplir de livre la bibliothèque nationale. Une initiative louable et qui pousse à l’encourager à faire plus dans ce département où tout est à refaire ou à initier. Le ballet national, l’orchestre national, le bureau tchadien des droits d’auteur et bien d’autres institutions créent mais sans âmes demandent à être revivifiées pour faire de l’homo tchadensis,  un être cultivé mais surtout fier de son identité. Ce travail qui n’a quasiment pas encore commencé doit être ce que l’on pourrait appeler « Les travaux de Mahamat Saleh Haroun ». Le Tchad aussi pourrait faire de la culture, son autre pétrole comme l’a chanté Mawndoé. Oui cela est possible. Il suffit de le vouloir et cesser de considérer la culture comme une affaire de désœuvrés et l’artiste comme un doukou sakit.

 

La Rédaction