Les billets et les visas ont été transmis. La plupart des délégations devraient arriver ce samedi 12 mars en fin de journée à Doha. Le pré dialogue commencera, inch’allah dimanche 13 mars en présence du Premier ministre chef du gouvernement. Après trois reports, on ne peut que se réjouir du fait qu’enfin, les choses bougent.
Sans présager de ce que donnera cette importante réunion, premier acte vers le dialogue pour la refondation du Tchad, il faut dire que pour l’équipe de Chérif Mahamat Zène, la tâche sera rude. La brutale mise à l’écart de l’équipe de Goukouni Weddeye a braqué la plupart des politico-militaires qui ont commencé à scruter la liste des négociateurs désignés et annoncent que la partie sera serrée.
Le premier défi aussi bien pour le gouvernement que le pays hôte reste le niveau et la qualité des participants. Que vaudra un dialogue sans les principaux chefs rebelles comme Timane Erdimi, Mahamat Nouri, Mahamat Mahdi Ali ? Ensuite, il faudra pour la partie gouvernementale, jugée « clivant », rassurer par une réelle volonté de dialoguer mais surtout être en mesure de répondre aux préalables qui seront soulevés. On devine aisément des demandes d’explication sur le sort des personnalités comme Tom Erdimi et Adouma Hassaballah dont les mouvements n’ont plus de leurs nouvelles depuis un moment. Les Forces pour l’alternance et le changement (Fact) demanderont l’élargissement de leurs prisonniers d’avril et mai 2021. Ils n’étaient pas bénéficiaires de la loi d’amnistie de janvier parce qu’ils n’étaient pas encore jugés afin de pouvoir en bénéficier. Sur la restitution des biens des responsables des différentes rebellions, le sujet devrait être évacué assez rapidement puisqu’un travail préalable a déjà été fait par le comité technique spécial.
On entamera ensuite la question de la sécurité des rebelles pendant leur participation au dialogue. Pour le gouvernement, il est hors de question de les voir rentrer avec des armes. Comment procéder alors qu’eux-mêmes ne font pas confiance au système sécuritaire en place ? Là se trouve le nœud gordien du pré-dialogue. Leur affecter un service de sécurité privé via des sociétés militaires, surtout que la tête de Mahdi, le chef des Fact est mise à prix ? Quelles seront les engagements du gouvernement pour contenir des tentations de vengeance qui pourraient venir de la part de tierces personnes ?
Autant de questions auxquelles le gouvernement devra apporter des réponses sans perdre de vue le fait que, trop céder aux politico-militaires le mettra en difficulté face aux politiques qui, eux aussi attendent de pied ferme. Ne l’oublions pas, l’objectif final de la transition, c’est de sortir le Tchad du cycle de la violence comme moyen de dévolution du pouvoir politique.
La Rédaction