L’usage récurrent à la force et les nominations discriminatoires, le secrétaire général national de la Convention pour la démocratie et le fédéralisme (Cdf) Noubatessem Jonathan Boguyanan dresse un tableau sombre de la gestion de la transition au Tchad. Il estime qu’il y a à ce jour confusion entre l’ancien régime au pouvoir le Mps et le conseil militaire detransition.
« Le premier élément qui caractérise de manière constante cette transition est la force » : voici-ci comment le secrétaire général national de la Convention pour la démocratie et le fédéralisme a décrit la transition actuelle. L’usage de la force s’accentue selon lui du jour au lendemain. Noubatessem Jonathan Boguyanan cite entre autres les évènements douloureux d’Abéché, de Sandanan mais aussi la répression des marches de protestation du 15 février dernier. « L’usage excessif de la force n’épargne mêmes pas les garants moraux de notre société que sont les religieux. Malgré trente années de pouvoir calamiteux du Maréchal ldriss Déby, on peut mettre à son actif une certaine retenue à l’égard du clergé », regrette le secrétaire général national de la Cdf qui révèle que la mission de désarmement envoyée au Moyen-Chari commet des exactions sur les paisibles citoyens.
Si le président du Cmt pointe du doigt la défaillance du système judiciaire comme étant l’un des facteurs contributifs à la récidive de la situation de Sandanan, il assure que l’exécutif a sa part de responsabilité dans la gestion de cet évènement. « La mission gouvernementale qui s’est rendue sur les lieux a fait montre de laxisme en refusant de prendre des mesures conservatoires qui s’imposaient, le parti pris de l’administration locale ayant été ouvertement décrié par les populations et la composition monolithique de cette administration locale étant constatée par des conseillers nationaux. Nous espérons que les enquêtes situeront les responsabilités et que justice sera rendue », ajoute-t-il. L’une des marques des fabriques du conseil militaire de transition, fustige Noubatessem Jonathan Boguyanan, c’est « l’injustice dans les nominations, en droite ligne de la politique du Mps ». « Le Conseil national de transition, cet organe, qui est censé représenter le peuple tchadien dans toute sa diversité, est malheureusement symbole même de l’exclusion: l’équilibre géopolitique qui devrait le caractériser est un leurre et des grands regroupements politiques, représentatifs du peuple, y sont curieusement absents », dénonce-t-il.
Comme le régime Mps pendant trente ans de règne, dénonce-t-il, le conseil militaire de transition utilise la force et la ruse à cause de la confusion qui règne dans sa gestion du pouvoir, ayant du mal à se démarquer clairement du régime Mps ». Pour une transition apaisée, le secrétaire général national pense que la situation n’est pas désespérée et il ne tient qu’au Cmt de prendre des mesures courageuses et fortes pour orienter la transition dans la bonne direction. « Nous pensons en effet qu’il n’est pas nécessaire d’attendre le dialogue pour prendre les mesures suivantes », a-t-il insisté. Il suggère un désarmement sans complaisance des civils et de veiller à une discipline dans l’utilisation des armes de guerre au niveau des militaires. « Le régime étant militaire, nous pensons qu’il est mieux placé pour appliquer les conclusions des Etats Généraux de l’Armée de manière à léguer au futur gouvernement élu une armée républicaine et respectueuse des citoyens et des libertés publiques », a-t-il noté.
Stanyslas Asnan
