L’impératif du changement (de mentalité) dans le football
Un petit tour et puis s’en va ? Tel ne pourrait pas être le résumé de la visite dimanche dernier du président de la Fédération internationale de football, Gianni Infantino.
Bref et au pas de charge, le passage de l’italo-suisse s’est résumé à une visite du centre de formation inachevé, une audience avec le chef du gouvernement et une conférence de presse qui ne s’est guère éloignée des éléments de langage qu’on a entendu depuis le premier jour de son arrivée sur le continent africain.
Mais pour le Tchad, 151ème ex equo derrière l’Afghanistan au classement mondial de la Fifa du 9 février dernier, le contexte et les réalités sont différents. Bien loin, mêmes de celles de son voisin nigérien qui pourtant, a bénéficié des mêmes appuis et qui a considérablement amélioré sa situation et partant son classement.
Au Tchad, c’est une fédération en rébellion contre les institutions que le président de la Fifa a rencontrée. Une fédération qui incarne un système qui a pris en otage la passion de milliers de jeunes aujourd’hui privés de championnat et d’une réelle politique de détection, de développement. Ce n’est pas la victoire, par accident, au tournoi de la Communauté économique des états de l’Afrique centrale qui saurait justifier la résistance de l’actuelle équipe de la fédération. Le football tchadien a un problème. Il s’appelle la corruption. Facilité par le contexte de pauvreté dans lequel nous baignons, où les anciennes gloires et responsables de ligues régionales sont devenus les obligés des patrons de clubs et autres membres du bureau exécutif qui les dépannent de temps à autre avec des miettes. A cela s’ajoute le faible niveau d’instruction qui est la cerise sur le gâteau de ceux-là qui profitent du football.
Les autorités tchadiennes l’ont bien compris et l’ont fait savoir au président de l’institution mondiale du sport : il faut un audit indépendant de la gestion du football, un comité tripartite pour réviser les textes, opportunément réaménagés pour le besoin de la cause avant des élections qui, nous l’espérons, seront moins cavalières et plus honnêtes que celles de décembre 2016.
L’air du temps s’y prête. Le président de la Fifa qui s’inscrit dans une dynamique de changement dans le marigot, assez sale du football aidera beaucoup les milliers de ces jeunes qui ne demandent qu’une chose, profiter de cette belle discipline qu’est le football pour s’épanouir, voire se réaliser.
Votre hebdomadaire qui n’a de parti que le Tchad (parce que ceux qui contestent la gestion de la fédération aujourd’hui ne sont pas exempts de reproches) en appelle à saisir cette opportunité de refonder les bases d’une discipline où les potentialités existent. Des Ngar Ezechiel et des Ninga Casimar, le Tchad peut en produire par centaine. Il suffit de débarrasser le football de ceux qui viennent piller au lieu de développer, ceux qui imposent des joueurs pour des considérations autres que leurs talents et formes du moment, de ceux qui achètent les arbitres et enfin ceux qui surfacturent pour justifier des détournements. Le monde sportif est capable de ce dépassement. Nous y croyons.
La Rédaction