Ainsi, le président du Parti Réformiste Yacine Abdéramane Sakine et ses militants n’ont pu tenir le sit-in qu’ils ont prévu ce 9 février 2021 devant le palais de justice pour réclamer la comparution du commissaire Hachim Haroun Déby poursuivi pour «torture et atteinte volontaire à l’intégrité corporelle». Des faits qui remontent au 19 mai 2021 quand, répondant à l’appel de la coalition d’opposition Wakit Tama à manifester contre le Conseil militaire de transition (Cmt), l’homme politique a été arrêté, encagoulé et torturé avant d’être relâché.
Les investigations menées suite à la plainte du président du parti réformiste révèleront que l’auteur de cette barbarie n’est autre que le commissaire central de la ville de N’Djaména qui n’est, du reste, pas à son premier forfait. Depuis octobre 2021, ce dernier n’a déféré à aucune des nombreuses convocations qui lui ont été envoyées défiant ainsi la justice et l’autorité de l’Etat dont il est censé être le bras séculier. Plus grave, le ministre de la sécurité publique, supérieur hiérarchique du commissaire-rebelle empêche la tenue du sit-in prévu par la victime et ses partisans pour réclamer justice. Ce faisant, le ministre de l’intérieur se rend coupable de complicité de rébellion surtout que de bonnes sources, il a été informé de l’attitude de son subalterne par le procureur de la République.
Le message politique que renvoie le gouvernement ce 9 février est sans doute la volonté de continuer à faire du Déby sans Idriss. Ce qui entre en parfaite contradiction avec le discours appelant à la paix et à la réconciliation nationale: objectif ultime du dialogue national inclusif annoncé.
Plus grave encore, que pensera l’opinion d’une autorité portant un tel patronyme ? Il faut une mobilisation pour obtenir la traduction de ce policier devant les juridictions. Les partis politiques et organisations de la société civile devront se mobiliser pour pousser le gouvernement à mettre à la disposition de la justice cet agent pour qui, la loi n’est faite que pour les autres. Ce sont des petites injustices qui finissent par constituer, tels de petits ruisseaux, le lac d’injustices et de frustrations dans lesquels nage la grande majorité des Tchadiens.
De la réponse que donnera le gouvernement à ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire Yacine» dépendra le crédit qu’on lui accordera sur la sincérité de ses intentions d’aller vers la paix ou pas. Faudra-t-il rappeler que la paix n’est un vain mot mais un comportement ?
La Rédaction