Edito

Edito N° 043

Edito N° 043 1

Le Pays et le mal de vivre ensemble

Ce qui s’est passé à Mongo, dans la région du Guéra le 10 février dernier n’est autre qu’une page de plus dans le long chapitre des affrontements, souvent sanglants entre les fils du Tchad.

Ce jour-là, une simple dispute entre lycéennes a dégénéré pour finir en bagarre rangée causant la mort de deux compatriotes et blessant une dizaine d’autres avec des armes à feu. Au même moment, dans la capitale, quatre autres compatriotes voulant se faire justice contre des présumés voleurs les ont entrainés dans un bois pour les castrer à l’aide de cadenas…

Des images qui nous emmènent à revenir sur ce que nous évoquions la semaine passée, dans la même rubrique avec d’autres mots. Nous nous faisions l’écho des inquiétudes du chef de l’Etat qui ne trouve «pas rassurant» la façon dont les Tchadiens s’étripent sur les réseaux sociaux sur des bases claniques, ethniques ou religieuses.

Avant Mongo et N’Djaména, il y’a eu Bologo, Miandoum, Bessao où, un coup, ce sont les forces de l’ordre qui tirent sur des citoyens. Une autre fois, ce sont des civils armés qui tirent sur d’autres. Et souvent, ce sont les autorités administratives et militaires qui s’érigent en juges pour trancher dans des termes qui comportent en elles-mêmes les gènes d’un futur affrontement.

Comme nous l’écrivions la semaine dernière, le problème est là. L’unité nationale, premier mot de notre devise n’est jusque-là qu’un vain mot et traduit l’échec de faire de ce regroupement qu’est le Tchad, une nation où chaque membre est soumis aux mêmes droits et devoirs. Le cas contraire, comme celui que nous vivons, l’absence de justice sociale, l’inégalité des citoyens devant la loi entrainent des affrontements intercommunautaires, des justices parallèles qui fragilisent l’Etat et ses institutions.

Feindre de l’ignorer est une grande responsabilité devant l’histoire. Il faut prendre le taureau par les cornes si l’on veut éviter au pays ce qu’il a connu un certain 12 février 1979.

C’est ce sur lequel votre hebdomadaire, créé il y’a exactement un an, ne cessera d’attirer l’attention. En choisissant de baptiser le journal Le Pays, nous nous mettons du côté du Tchad. Semaines après semaines, nous nous attèlerons à défendre l’unité du pays contre toute autorité qui se rendra coupable d’injustice, à combattre le mal de vivre  ensemble en racontant différentes parties du Tchad aux autres tchadiens et contribuer à notre façon à la construction du pays.

A vous lecteurs qui nous avez accompagnés au cours de cette première année. Nous ne saurons vous remercier pour la confiance et la patience, quand pour diverses raisons, nous n’avons pu mettre à disposition à temps votre journal. En une année, nous avons produits 44 numéros au lieu de 48 prévus. On se consolera en avançant que c’est une bonne moyenne dans un contexte hostile et aussi difficile. Mais l’autosatisfaction est destructrice et nous comptons dans les limites de nos capacités, retrouver assez rapidement un rythme de production normal pour contribuer à la réalisation de nos objectifs communs : l’édification d’un Tchad où il fait bon vivre, un Tchad qui sera mieux vu de l’extérieur. Nous sommes convaincus chers lecteurs que pour vous et nous, c’est d’abord et avant tout : Le Pays.

Le Rédaction