Malgré les lois et conventions en faveur de la protection des enfants au Tchad, nombreux sont ceux qui subissent au quotidien des traitements dégradants. Ils sont abandonnés à eux-mêmes et certains s’adonnent à la consommation d’alcool.
A ambatta dans le 7ème arrondissement de N’Djamena, des mineurs s’adonnent à l’alcool. Leur âge varie entre 11 et 13 ans. Regroupés sous un grand neem, ils siphonnent les sachets de whisky frelaté qu’ils appellent dans leur jargon « gogro ». Au centre, le vendeur a peine plus âgé que ses clients. « Je vends des sachets de 100f et de 50f.
Aussi, il y a le vin en sachet qui coute 200f » lance Patrice le vendeur. A la question pourquoi ils ne partent pas à l’école, chacun y va de son commentaire. « Je suis fatigué d’aller à l’école, je préfère me débrouiller au quartier », dit Rodrigue le plus jeune du groupe. Plus loin, un autre groupe de mineurs entoure une maman assise devant la bili-bili dans un cabaret. Chacun avec sa calebasse en main, ils discutent tels des grands. Pourquoi vendez-vous de l’alcool à ces gamins, osons-nous demander. « Pourquoi pas, qu’est ce qui m’interdit, je vends ma bili a tous les clients » rétorque la dame. Fais-nous un tour, dis Jérémie qui se lève tout en invitant ses amis à prendre une tournée à son compte.
Pour ces mineurs, la consommation de cette boisson leur donne une tranquillité quotidienne vis-à-vis des autres. « Je suis un enfant adopté, je prends cela pour oublier l’absence de mes parents et également pour atténuer ma faim quotidienne car avec les 50f et 100f que je trouve difficilement à manger à part la bili-bili que je bois contre la faim » laisse entendre Dingam.
Donner naissance à un enfant c’est assumer sa responsabilité sociale. Beaucoup parmi ces mineurs sont des révoltés. Ils ont été poussés par des actes indésirables « on m’a fait venir du village il y’a de cela trois ans sans aller à l’école. Mon oncle a oublié même qu’il a amené son neveu car actuellement je vis avec mes amis du quartier et je dors chez eux à tour de rôle » renchérit Dingam.
Il faut relever que l’abandon et le désespoir sont les sources de motivation de cette pratique. Mais abandonner sa progéniture à la merci de la nature, c’est enterrer son existence humaine car un enfant est comme un arbre planté qu’il faut entretenir pour sa croissance physique et morale.
Remadji Allégresse, stagiaire.