Pour leur dernière séance, les députés de la troisième législature ont ratifié l’ordonnance n°02 portant statut général des militaires des forces de défense et de sécurité. Un texte correct qui aurait fait du soldat un vrai défenseur de la patrie et de ses compatriotes.
Signé le 31 août dernier par le président du conseil militaire de transition, l’ordonnance soumis à l’examen des parlementaires, réunis exceptionnellement au grand complet (Ndlr : on devait leur annoncer en fin de journée la fin de leur mandat) sera, s’il est appliqué, du pain béni pour les corps kaki.
Le traitement des membres de l’armée de terre, de l’air, de la gendarmerie et de la garde nationale et nomade du Tchad sont revus en hausse. Les militaires bénéficient de réduction dans les transports en commun. Eux et leurs familles bénéficient de la gratuité de soins dans les hôpitaux, ils seront désormais bancarisés et en cas de décès en mission, leurs familles percevront entre 3 et 5 millions. Ils sont protégés vis-à-vis de leurs chefs hiérarchiques et il leur est interdit de consommer des substances psychotropes à l’intérieur des casernes. Il leur est aussi interdit de d’avoir pour époux (se) un ressortissant étranger au nom du contre-espionnage.
Dans l’absolu, le texte est à saluer mais il sera difficile à appliquer au vu de la configuration actuelle de la grande muette. Un corps au sein duquel la majorité de la troupe a été recrutée par un parent ou un proche qu’ils ne reconnaissent comme seul chef. L’un des caractéristiques de l’armée tchadienne est aussi le peu de transparence dans la gestion des ressources allouées à la subsistance des soldats. On ne voit pas comment les chefs d’unités, habitués à vivre sur le dos des soldats, vivraient le fait que les soldes de leurs subalternes soient virés sur des comptes. On se souvient encore de la triste fin du premier contingent tchadien au Mali qui a dû attendre plus d’une année après son retour de mission, brulé des bérets avant de percevoir une partie de leur solde alors que leurs homologues ayant pris moins de risques (le contingent tchadien était aux avants postes face aux djihadistes dans les villes de Tessalit, Agelhok et Kidal) ont été grassement rémunérés par leur pays.
Il reste dans ces conditions à se demander comment le système qui gère le Tchad depuis plus de 40 ans, (la période Habré comprise) pourra s’y faire avec une armée de métiers où règneront la discipline et l’ordre? Le Tchad tel que nous le vivons et le Askar idéal voulu par l’ordonnance du 31 juillet 2021 ne sont, assurément pas compatibles.
La Rédaction