Ainsi, l’histoire ne retiendra d’Alpha Condé qu’une humiliante fin de règne, la chemise débrayée, promené dans Conakry où une foule en liesse scandait ce mot si cher aux révolutionnaires, les vrais « liberté ».
A l’image de nombreux politiciens, le vieux socialiste de 83 ans dont 40 dans l’opposition n’a pas su résister au péché auquel est exposé tout être humain lorsqu’il a le pouvoir : le sentiment de se prendre pour un Dieu. Il l’aura donc appris à ses dépens et de lui, l’histoire ne retiendra ni ces années de militantisme à la fédération des étudiants d’Afrique noire de France (Feanf), ni la longue résistance aux dictatures de Sékou Touré puis Lansana Conté ponctués par des condamnations à mort par contumace, la prison, etc. De lui, l’histoire ne retiendra que la tentation d’un 3ème mandat qui a mal tourné…
Ce qui est arrivé à Alpha Condé conforte la réflexion selon laquelle, les plus intraitables dans la contestation ne seront pas les plus vertueux une fois au pouvoir. Le cas de Abdoulaye Wade au Sénégal illustre comment, après avoir passé des années à contester un régime, le nouveau venu, prenant goût au lucre succombe à la tentation de l’enrichissement effréné parfois sans y mettre les formes.
Plus près de nous, et même quand ils n’arrivent pas au pouvoir, les historiques, sans doute sous l’effet de l’usure s’accommodent des miettes que le tenant du pouvoir consent à lâcher de temps à autre et devient, parfois sans s’en rendre compte, l’allié objectif de son bourreau. C’est le syndrome de Stockholm qui créé les opposants de confort…
Cette race, de plus en plus nombreuse sous nos latitudes, est la plus dangereuse et celle qu’il faut combattre avec autant de vigueur que le pouvoir. Jalouse de ces acquis, c’est elle qui s’emploiera à torpiller toute action citoyenne sortant des chantiers battus. C’est l’une des maladies de la contestation au Tchad actuellement. Et Les Transformateurs en savent quelque chose…
N’est pas Mandela qui veut et rares sont ces hommes suffisamment lucides pour comprendre que quelle que soit leur aura, ils ne sont pas indispensables et la construction d’un État, ne saurait se limiter à leur petite vie. Pour l’avoir compris, les Mahamadou Issoufou et autres Jerry Rawlings coulent des jours tranquilles chez eux. Ceux qui n’ont pas eu cette lucidité sont sortis du cœur de leur peuple et de l’histoire par la prison ou la mort.
La Rédaction