Le Mouvement patriotique du salut (Mps), parti du feu Maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno célèbrera dans quelques jours les cent jours de sa disparition. Une célébration à laquelle prendront part des partis politiques membres de l’ancienne majorité et qui aura plus l’air d’une opération de survie politique que d’un recueillement au cours duquel la pensée politique du défunt ou son œuvre par exemple seront soumis à la critique pour mieux envisager la suite de la transition en cours, voire les prochaines élections.
Pour les initiateurs de cette manifestation, il s’agit de manœuvrer pour se retrouver dans les bonnes grâces des tenants actuels du pouvoir qui assurément ne partiront pas d’ici quinze mois. Pareille est aussi l’attitude de ces chefs de partis politiques et des jeunes qui se sont écharpés dans un hôtel de la place pour se faire une place au comité d’organisation du dialogue national en cours de préparation (Lire en page 2 l’édito et les indiscrets).
Ces scènes qui amusent plus d’un observateur décrédibilisent davantage le gouvernement qui avance tête baissée, refusant ostensiblement d’écouter la société civile, les personnalités ressources et même les politico-militaires qui acceptent de s’asseoir à la table du dialogue. A l’évidence, le gouvernement entend par dialogue national ou conférence pour la réconciliation une réunion de quelques jours à l’image des foras de 2018 et 2020 où des participants sélectionnés sont venus entériner des décisions déjà préparées. Ce faisant, il montre qu’au lieu de tirer les leçons de la gouvernance d’Idriss Déby Itno, le Cmt et le gouvernement cherchent à continuer dans la même logique de l’exclusion et de la fermeture du jeu politique. Sauf qu’aujourd’hui n’est pas hier et chercher à perpétrer un système à bout de souffle qui aligne infortune après infortune depuis dix ans, c’est simplement aller à Canossa.
A notre avis, l’exécutif gagnerait à entendre raison et s’ouvrir à la critique, surtout que cette fois-ci, la communauté internationale est disposée à nous accompagner dans le processus de configuration du Tchad de demain maintenant que le haut représentant de l’Union Africaine pour la transition est installé. Chose qui est une chance pour les tenants du pouvoir s’ils veulent entrer dans l’histoire. Il suffit de s’ouvrir à tous ces fils du Tchad qui ne demandent qu’à participer à la construction de leur pays, mettre en place une administration qui permette l’organisation d’élections libres et transparentes. C’est ainsi et ainsi seulement qu’on dira qu’ils ont su gérer l’héritage du Maréchal et auront évité au pays un embrasement qui se rapproche inexorablement. Par son attitude, le gouvernement n’a pu arriver à bout du mécontentement qui repart de plus belle avec la marche annoncée de Wakit Tama pour ce jeudi. Pendant ce temps, des milliers de compatriotes, partis en aventure, rongent leurs freins à la frontière avec la Lybie en attendant des garanties pour déposer les armes et rentrer. Leur tendra-t-on la main ou les laissera-t-on descendre armés avec au bout des morts et des morts encore ? L’attitude du gouvernement montrera dans les jours à venir ce qu’il veut pour le Tchad de demain.
La rédaction