Les victimes de crimes et répression du régime de l’ancien président Hissein Habré ont participé ce mardi 22 juin 2021 à une marche pacifique pour réclamer l’exécution des verdicts de la chambre africaine et de la justice tchadienne.
Pancartes et des banderoles en main, la centaine des victimes de crimes et répression du régime de l’ancien président Hissein Habré ont marché le long de l’avenue Pascal Yoadoumnadji pour exiger l’application des décisions de la chambre africaine et la justice tchadienne.
Malgré la canicule et leur âge avancé, elles sont nombreuses à répondre à l’appel à la marche. « L’heure est venue pour les victimes de l’Association des victimes de crime et répression de Hissein Habré (Avcrhh) de se mettre debout pour réclamer avec tous les moyens légaux leurs indemnisations » précise Béradingar Modjibaye, l’une des victimes.
Six ans après la décision des chambres africaines, les victimes n’ont toujours pas été indemnisées. « Face à notre souffrance, le gouvernement continue de faire la fine bouche, se terrant ainsi dans une mauvaise volonté. De la même manière, dans son verdict, la Chambre Africaine a observé que Hissein Habré n’a montré aucune compassion vis-à-vis des victimes, ni exprimé de regrets quelconques pour les massacres et les viols, le gouvernement n’est moins que le comportement Hissein Habré », regrette Béradingar Modjibaye. « Pour quelle raison a-t-on organisé le procès des ex-agents de Dds ? N’est-ce pas pour se moquer de la mémoire des épouses, de nos enfants et de nos époux. Sinon, pourquoi cette lourdeur dans la mise en application d’une décision de justice, rendue par la Cour Criminelle spéciale au nom de la République du Tchad », s’interroge-t-elle ?
D’après ces victimes, 300 autres victimes sont aujourd’hui décédées. Une horreur pour le reste des victimes qui témoignent de la douleur qui ne cesse de les ronger quotidiennement. « Face à tous ces sacrifices, le Premier ministre de transition et le Cmt affichent un mutisme éhonté. Nous disons que l’Union Africaine et le gouvernement tchadien doivent mettre en œuvre rapidement ces décisions de justice afin que les victimes puissent enfin recevoir les réparations. Nous ne pouvons plus accepter que cela dure encore un mois », ajoute-t-elle.
Les victimes exigent en outre du Gouvernement de la transition, la création de la commission devant étudier le mécanisme de dédommagement selon les exigences de la Cour. Elles demandent au ministre de la justice d’instruire le Procureur Général d’opérer la saisie des biens des condamnés « qui n’a jamais connu un début de démarrage ». « Nous exigeons instamment à l’Union Africaine, de tout mettre en œuvre afin de localiser, tracer, geler et saisir les biens de Habré sans délai ».
La dernière marche pacifique des victimes de crimes et répression du régime de l’ancien président Hissein Habré remonte au 19 novembre 2019. Ce jour là, elles ont été réprimées par la police devant le Lycée Felix Eboué de N’Djamena.
Stanyslas Asnan