L’homme providentiel
La démonstration est sans conteste et les images fortes. Mardi 23 février, des chefs de partis politiques d’opposition, hésitants qui n’arrivent pas à s’entendre sur ce qu’il faut faire face à la petite centaine de militants venus demander la conduite à tenir et les dizaines de véhicules des forces de l’ordre, prêts à fondre sur toute tentative de marche. Le lendemain, mercredi 24 février, des leaders de syndicats et responsables des associations de défense des droits de l’homme qui enregistrent avec satisfaction les nouvelles des provinces selon lesquelles le mot d’ordre de ville morte a été largement suivi.
En attendant de voir jusqu’où ira le mouvement de protestation contre la candidature d’Idriss Déby Itno a un cinquième mandat, la société civile réunie au sein de la coalition «ça suffit », a prouvé qu’elle a le moyen «d’endosser le rôle de l’homme providentiel tant attendu », qui délivrera les Tchadiens du régime Déby. Le héros du jour : Mahamat Nour Ibedou.
En effet, c’est son organisation, la convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme (Ctddh) qui est à l’origine du mouvement. Elle a été simplement appuyée par l’Union des Syndicats du Tchad (Ust) et les autres associations de défense des droits de l’homme qui ont mis à disposition leurs réseaux. C’est ainsi que très vite, le message est passé par plaines et montagnes. Le 24 février, de Faya à Moundou en passant par Mao, N’Djaména, Bongor, comme un seul homme, les Tchadiens ont dit non ! Est-ce juste l’appel à la ville morte? L’affaire Zouhoura et d’autres frustrations ont sans doute contribué à augmenter la cohorte des mécontents. Ce ne sont ni les menaces de Ahmat Mahamat Bâchir, ni celles du nouveau secrétaire général du Mps, Mahamat Zène Bada qui feront quelque chose. Le ras-le-bol est là, il faut lui trouver des réponses appropriées. Par exemple aller dans le sens de l’apaisement comme a tenté de le faire le Premier Ministre lors de la rencontre avec la société civile en fin de semaine. Ses propos ont été appréciés par les syndicats contrairement à ceux de Bâchir.
Malgré les dénégations du gouvernement, «ça suffit » a frappé dans le mille et de bonnes sources, l’inquiétude a gagné les rangs du pouvoir. Reste à cette coalition de poursuivre dans la dynamique si elle veut arriver à ses fins. Là est une autre question.
Au-delà du coup de maître, la société civile vient de donner un bel exemple de solidarité dont la classe politique n’a pas été capable depuis 25 ans. Se donner la main pour gagner. A cet égard, la société civile pourra incarner «l’homme providentiel si elle maintient le cap.
La Rédaction