Une soirée dédiée à la ‘‘Femme ronde et belle’’ sera organisée le samedi 24 mai 2021 au Concept Bar de N’Djaména pour basculer les codes de la beauté et renverser les discriminations sociales dont elles sont souvent victimes.
C’est une initiative du Collectif des Gourloums ( Ndlr : des femmes rondes, de grande corpulence, des femmes grasses ) du Tchad qui vise à inviter les femmes aux formes rondes à s’aimer telles qu’elles en dépit des moqueries ou du regard des autres.
Pour ces femmes, il faut assumer son corps et revendiquer ses courbes, dénonçant en outre le manque d’inclusion dans le monde de la mode où tout tourne autour des filles minces et sveltes. « Un phénomène qui m’a un peu frustré, beaucoup plus moi. J’ai remarqué que chaque année, on organise des élections Miss et ce sont les petites formes qu’on valorise et on oublie les grandes formes comme nous », précise Merci Assira Djimtolabaye, présidente du comité d’organisation de la soirée ’’les Rondes et Belles du Tchad’’.
Loin de se résigner et prendre sa forme comme un handicap, elles appellent à mettre en valeur sa corpulence. « Pourquoi certaines sont mises au-devant de la scène mais pas nous. Nous aimerions être au-devant de la scène aussi donc nous voulons nous imposer avec notre présence. Cette soirée est comme une porte d’ouverture pour celles qui hésitent, qui sont cachées dans leur coin et qui ont honte de leur corpulence. Nous voulons aussi montrer au public que nous aussi, nous sommes là », ajoute-t-elle.
« Montrer que nous savons bouger vite »
Pour cette soirée inédite, il y aura des défilés de mode, de la danse mais aussi de la musique. « La plupart des gens pensent que nous sommes lourdes, avec la graisse et que nous ne pouvons pas nous mouvoir. Mais ils se trompent, même grasses nous pouvons faire exactement ce que d’autres font », défend Merci Assira Djimtolabaye.
Cependant, aucune distinction ne sera faite le 24 mai prochain. « Ce n’est pas seulement une partie qui doit s’imposer mais c’est la diversité qui va harmoniser un peu la société. Donc il y aura des minces, des rondes ou gourloums comme nous », explique-t-elle.
La ‘‘Femme ronde et belle’’, c’est aussi l’intervention des spécialistes de la santé pour donner des informations sur la conduite à tenir et le régime alimentaire à adopter. « Le nutritionniste va donner des conseils sur ce qu’on doit manger ou non. Le coach vestimentaire interviendra pour les habits à porter, car quand tu es grasse et que tu portes des habits moulants, cela indispose certaines personnes qui te diront de porter des habits larges. On nous assimile avec des habits larges comme si nous notre corps, on ne peut pas aussi le mettre en valeur », déplore-t-elle.
Pour elle, les femmes rondes doivent faire fi des commentaires négatifs des autres et imposer leur présence au public. « Certaines femmes ont honte de leur forme et s’apitoie sur leur sort comme si cela est une malédiction. Ce qui les empêche de sortir et ne les arrange pas. Dans la société, c’est le respect de la forme de chacun. Il y a les minces, les rondes donc chacun doit garder le respect de sa forme », plaide Merci Assira Djimtolabaye.
Elle appelle les autres à accepter les rondes t’elles qu’elles. « Je demande juste qu’on nous accepte, qu’on donne plus de confiance et qu’on nous pousse à aller de l’avant. Aux autres qui hésitent encore de s’assumer », ajoute-t-elle.
Après la journée ‘‘Femme ronde et belle’’, elles envisagent organiser l’année prochaine une élection Miss Gourloum et aussi installer le Collectif dans d’autres provinces.
Stanyslas Asnan
