Le rappeur tchadien Djikoloum Guy, alias Sultan va produire ce vendredi 14 et samedi 15 avril 2021 l’Opéra-Rap intitulé ’’sur les empreintes des Sao du décombre à la lumière’’ pour mettre en lumière la vie de nos ancêtres, les Sao.
Traduire en langage artistique l’existence des Sao est l’ultime défi du rappeur tchadien. Pour ce rendez-vous inédit de l’Opéra-Rap, 25 artistes de différentes disciplines vont mettre en lumière la vie des ancêtres Tchadiens. C’est le fruit d’un travail de recherche en amont auprès des chefs et du Sultan à Gaoui et auprès des anthropologues pour recueillir les témoignages, des anecdotes et des récits sur ces grands hommes.
« Ils sont longtemps restés dans les décombres donc, il est temps pour nous de les remettre sur la lumière à travers l’art et la culture. On est allé dans les livres et maintenant on s’appuie sur nos recherches pour sortir une histoire. Il y a de la fiction mais, de manière contemporaine, on parle de nos ancêtres, les Sao », précise le rappeur.
Dans cette recherche de l’identité et des origines de ses ancêtres, l’artiste fera le jumelage entre le rap, son style traditionnel et l’opéra. « Nos ancêtres ont une très grande civilisation mais, ils ont disparu et on ne parle plus d’eux. On fait ce travail d’artiste pour faire vivre nos ancêtres de manière contemporaine », poursuit le rappeur.
Dans ce projet artistique intitulé ’’sur les empreintes des Sao du décombre à la lumière’’ l’artiste se donne comme devoir de mettre au-devant de la scène les ancêtres des Tchadiens qui ont vécu 6 siècles avant Jésus-Christ.
Au-delà de la vie des Sao, Sultan entend faire passer un message de paix et de cohabitation pacifique dans un Tchad qui vacille sur des crises identitaires et où les conflits intercommunautaires sont récurrents ces derniers temps. « On veut faire passer un message de cohabitation pacifique, de paix, de tolérance, de pardon. Que ça soit dans l’histoire ancienne et dans l’histoire contemporaine, il y a toujours des conflits, mais ces conflits ont toujours eu des issues favorables. Aujourd’hui, il y a une crise identitaire, une montée des conflits agriculteurs-éleveurs, des discours de haine et de division. Nous voulons remuer l’histoire dans un royaume Sao où tout va si vite, tout bascule et le roi doit tout faire pour ramener la paix. C’est une histoire en même temps ancienne et contemporaine », rappelle-t-il.
Créer les conditions de la paix
La culture, rappelle Sultan, est le seul vecteur de paix quand tout part en vrille. « Au moment de trouble ou tout part en dérive, il faudrait qu’on s’accroche à la culture. Seule la culture peut sauver, apaiser les cœurs aussi mais orienter et donner un espace de réflexion à tout le monde », ajoute-t-il.
Tout en appelant à la paix, il assure qu’il faut en créer des conditions notamment la justice sociale. « Lorsqu’il y a de l’injustice, il sera difficile de parler de la paix », ajoute l’artiste qui appelle les hommes politiques à prendre leurs responsabilités. « Ils ne doivent pas prendre la jeunesse comme un ennemi. Ce n’est pas en tuant cette jeunesse, brutalisant ou en l’intimidant qu’ils vont arriver à la solution. Il faudrait que le gouvernement change un peu sa méthode parce que cela a duré longtemps», complète Djikoloum Guy qui appelle à un dialogue pour solutionner les problèmes du pays. « Il faut laisser de côté l’arrogance, la menace et les injures qu’on a servies pendant 30 ans. Ça suffit ! », lance-t-il.
Stanyslas Asnan