Dans un rapport publié ce mercredi, Amnesty internationale estime que la liberté d’expression a été restreinte, les mesures visant à endiguer la propagation de Covid-19 ont entravé l’accès à de nombreuses personnes à la nourriture, aux soins, et accentué les violences faites aux femmes. Le rapport révèle aussi que les actes des groupes armés ont aussi porté atteinte aux droits humains.
C’est un rapport résumé en trois pages qui dresse le bilan sombre de la situation des droits humains au Tchad pour l’année 2020-2021. Selon l’Amnesty international, la situation sécuritaire est en particulier précaire dans la province du Lac Tchad. Des violences intercommunautaires meurtrières ont continué de se produire dans les provinces du Batha et du Sila. C’est cela qui a occasionné le report des élections législatives de 2021 pour la cinquième année consécutive.
À la fin du mois d’octobre, rapporte l’organisation, des bureaux de partis politiques et d’organisations de la société civile qui ont refusé de participer au forum national sur les réformes institutionnelles et politiques ont été encerclés par la police antiémeute.
En ce qui est des arrestations et détentions, l’année 2021 a été marquée par plusieurs arrestations parmi lesquelles celles des défenseurs des droits de l’homme et leaders de la société civiles dont Baradine Berdei Targuio, arrêté pour « activités subversives sur les réseaux sociaux », et inculpé d’atteinte à la sûreté nationale, de possession illégale d’armes et de coups et blessures.
Le 27 novembre, poursuit l’organisation la police a arrêté Alain Kemba Didah, du Mouvement citoyen le Temps, dans les locaux de la radio FM Liberté suite à l’interdiction par les autorités d’un forum alternatif sur les réformes organisé par des partis politiques et des organisations de la société civile. L’activiste et défenseur des droits humains a été inculpé de « troubles à l’ordre public » et « actes de rébellion » avant d’être acquitté par le tribunal, puis libéré le 11 décembre.
Liberté d’expression et droits à l’information estropiés
Dans ce rapport, l’organisation pointe aussi du doigt les violations flagrantes de la liberté d’expression et du droit à l’information. Le rapport révèle l’arrestation de deux journalistes de la télévision nationale et le passage au tabac par la police alors qu’ils enquêtaient sur les restrictions relatives aux rassemblements en raison de la pandémie de Covid-19 avant d’être libérés sans inculpation.
Dans le même sillage, le rapport dénonce l’inaccessibilité des réseaux sociaux en juillet 2021, après la diffusion d’une vidéo montrant un colonel de l’armée dans une rixe qui l’opposait à plusieurs hommes à N’Djamena.
Dans ce rapport, les sanctions de la Haute autorité des média et de l’audiovisuel (Hama) n’ont pas été occultées. En septembre dernier, précise le rapport, la Hama a suspendu pour trois mois, 12 journaux pour non-respect des lois relatives au régime de presse au Tchad, exigeant, renchérit Amnesty International que le directeur ou la directrice de la publication et le rédacteur ou la rédactrice en chef aient suivi une formation en journalisme et soient titulaires d’un diplôme universitaire.
Entre mort des présumés éléments de Boko-Haram et manquement des droits sociaux
En avril, note ce rapport, lors de l’opération militaire ‘Colère de Bohoma’, 58 membres présumés de Boko Haram ont été arrêtés et incarcérés à la légion n°10 de la gendarmerie. Mais le hic, 44 d’entre eux étaient morts dans leur cellule. Amnesty International déplore aussi des manquements aux droits sociaux et culturels ainsi que ceux de l’alimentation, car ‘les mesures liées à la pandémie de COVID-19 avaient aggravé les difficultés économiques des personnes vivant dans la pauvreté et fait basculer le nombre de ces personnes dans une situation d’insécurité alimentaire’.
Les conflits armés dans la zone du lac Tchad ont aussi fait progresser considérablement la famine, estime le rapport.
En ce qui est du droit à la santé, note ce rapport, le Tchad comptait un médecin pour 28. 531 habitantes et une sage-femme pour 5. 902 femmes.
Le cas du mariage précoce, en violation de la Loi de 2015, portant interdiction du mariage d’enfants, ont été signalés, indiquant la violation constante du droit de la femme et de l’enfant. Plus de 200 filles avaient subi des MGF en juillet et en août dans les provinces du Mandoul et du Logone oriental
Plusieurs exactions ont été perpétrées sur la population par des groupes armés, faisant place à des graves atteintes aux droits humains à l’encontre de la population dans la zone du lac Tchad.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), on comptait 298 803 personnes déplacées dans la région en avril et 363 807 en septembre, 64 % d’entre elles avaient fui leur village pour échapper aux violences et Boko Haram et l’Eiao.
Nguelsou Balgamma