Le bâtonnier du conseil de l’ordre des avocats du Tchad Me Athanase Mbaïgangnon dénonce lors d’un point de presse animé ce lundi 15 février 2021, les pratiques peu orthodoxes érigées en règles au sein système judiciaire et exige le retour sans condition des règles de l’art qui gouvernent l’appareil judiciaire.
La corruption, le trafic d’influence, l’immixtion de l’exécutif, la nomination sectorielle des magistrats sont, d’après le bâtonnier Me Athanase Mbaïgangnon entre autres les maux qui minent aujourd’hui l’appareil judiciaire tchadien.
« Des droits consacrés par notre Constitution peinent à s’affirmer et le citoyen ne fait plus confiance ou du moins, ne croit plus en la justice telle qu’elle est distribuée sur l’ensemble du territoire », déplore le président du conseil de l’ordre des avocats du Tchad.
Pour le bâtonnier, le malaise a atteint le paroxysme. « Nous nous sentons interpellés à plus d’un titre. Dans un passé très récent, des marginaux ont réussi à tenir au respect, au sein même du palais de justice, une composition du tribunal pour avoir rendu une décision », rappelle le président du conseil de l’ordre des avocats qui précise : « nous avons été exposés en ridicule à la planète toute entière ».
Il dénonce en outre les violations à répétition et quotidiennement des droits humains sur l’ensemble du territoire. « Le système judiciaire est plus que pollué. On assiste davantage à ce qui convient d’appeler la justice clé en main au grand dam de l’État de droit », révèle Me Athanase Mbaïgangnon.
Le conseil de l’ordre des avocats du Tchad dresse un tableau sombre de l’appareil judiciaire. « Les ressources humaines sont très mal gérées. Les critères jadis de nomination ne sont plus respectés. Les magistrats sont nommés selon qu’ils appartiennent à tel ou tel autre syndicat. Et ceux qui ont la charge ou du moins la mission divine de rendre justice ne le font plus par intime conviction. Si l’ordre n’est pas venu de la hiérarchie, le cliché reste sombre », dénonce le bâtonnier.
Décrire aujourd’hui le système judicaire du pays reste, selon le président de l’ordre des avocat du Tchad une aventure. « Appelé à appuyer l’administration de la bonne justice, l’ordre des avocats est mal à l’aise dans l’exercice de cette justice-là. Les conditions minimales de travail manquent cruellement et les avocats ne se retrouvent pas dans l’administration de la justice, apanage de leur existence », a-t-il martelé.
Face à cette situation, l’ordre des avocats dénonce ces pratiques érigées en règles au sein système judiciaire tchadien. « Nous tenons pour responsables les auteurs de ces pratiques et exigeons le retour sans condition aux règles de l’art qui gouvernent l’appareil judiciaire ».
Le Tchad qui assure actuellement la présidence de la Conférence Internationale des Barreaux de Tradition Juridique Commune (Cib) ne peut, d’après le bâtonnier resté indifférents face à ces violations des droits humains et à ces pratiques qui ternissent l’image encore et toujours l’image du pays. « Une certaine responsabilité pèse en a point douter sur nos épaules », conclu le bâtonnier.
Stanyslas Asnan