De nombreux jeunes ont bravé l’interdiction de marcher ce samedi 13 février 2021 à la demande du Consensus d’actions républicaines. Dans plusieurs quartiers de la capitale, ils entonnent et chantent la tchadienne et dénonçant entre autres l’injustice, la corruption et la restriction des libertés au Tchad.
Tôt ce matin, les éléments du Groupement mobile d’intervention de la police -Gmip- et ceux de l’Unité spéciale d’intervention de la police – Usip – ont pris d’assaut les rues et ruelles de N’Djaména. Certains à motos, d’autres en véhicules, ils sillonnent les artères de la capitale. Ils vont systématiquement faire usage des grenades lacrymogènes pour disperser les premiers regroupements sporadiques de jeunes autour de 8 heures entre Chagoua, Moursal, Walia et Nguéli respectivement dans le 7ème, 6ème, 9ème arrondissement et bien d’autres quartiers.
Mais cet usage de la force n’a fait que renforcer la détermination de ces marcheurs qui vont décider de se faire entendre contre vents et marées. Mobilisés et souvent dispersés, il vont se replier au siège des Transformateurs autour de 10h. Là, filles et garçons voire des personnes âgées ainsi que des adolescents vont descendre dans les rues, mains sur la tête, attachant parfois de bouts du tricolore tchadien à la tête pour exprimer leur ras-le-bol. Entonnant par ci la tchadienne et scandant par là des slogans hostiles au régime d’Idriss Déby Itno au pouvoir depuis 30 ans, ils vont marcher du siège de ce parti jusqu’à la 2ème voie de contournement en passant par l’axe Cps7 et l’avenue Pascal Yoadoumnadji. Sur les pancartes, on peut lire entre autres : « Non à l’instrumentalisation de la police, du Gmip et de la gendarmerie » ! « Dégage Déby, trop, c’est trop !». «Nous voulons de l’alternance».
L’intervention de la police
Cette colonne de marcheurs sera surprise par les éléments du Groupement mobile d’intervention de la police. Alors qu’ils ont franchi le rond-point à double voies, les marcheurs seront gazés de dernière par la police antiémeute. Symbole du caractère pacifique de la marche, certains, mains à la tête, genoux à terre vont entonner en chœur l’hymne national alors que d’autres vont courir dans tous les sens. Sur place, l’air devient irrespirable. Étouffés, l’on aperçoit quelques-uns tousser, d’autres vomir sur la grande voie.
Entre le restaurant le Mercato, le Lycée Gabriel lisette et l’école officielle de Moursal, appelée communément ’’École chii’’, c’est la course aux renseignements. Entre d’un côté la police qui a déployé partout ses ‘oreilles’ et les marcheurs qui ont leurs informateurs sur les, c’est la course aux renseignements. Par coup de téléphone ou de bouche à oreilles, les marcheurs s’informent de la position des forces de l’ordre. Sur certains axes, des marcheurs ont parfois érigé des barricades.
D’après une source au sein des renseignements, l’appel à la marche de ce samedi 13 février à été doublement suivi.«La police s’est empressée de larguer des lacrymogènes très top le matin. Or en face, ces marcheurs les ont surpris autour de 10 heures pour se retrouver au siège des Transformateurs puis ils ont fait le tour du quartier », informe la même source qui révèle: « leur nombre d’aujourd’hui dépasse de très loin celui du 6 février dernier ».
L’Ambassade des États-Unis encerclée
Tout autour de l’Ambassade des États-Unis d’Amérique, deux voire trois véhicules de la police sont stationnés à chaque angle. « Ils espèrent que nous allons repartir dans le même coin encore. C’est irréfléchi, ils (Ndlr : policiers) ont tiré potto », ironise un jeune.
Un motocycliste sur l’axe Csp7
Dans leur course, les éléments du Gmip vont percuter un motocycliste. Alors que l’accidenté gémi au sol, les policiers vont continuer leur chemin. Sur place, une grogne monte. Il a fallu une vingtaine de minutes pour qu’un autre véhicule de la police débarque pour le conduire à l’hôpital.
Il y aurait au moins cinq arrestations.
Stanyslas Asnan