Une chose est sûre. La campagne présidentielle qui s’ouvre le 11 mars prochain sera sans saveur. Même s’il est risqué de présager de l’issue des manifestations qui s’annoncent de plus en plus risquées, le casting qui se met en place, pour la désignation du futur exécutif annonce un jeu de bien moindre qualité.
Il est une évidence. Le Maréchal Déby Itno est presque assuré d’être réélu à l’issue du scrutin du 11 avril prochain. Mais contrairement aux précédents scrutins, c’est le profil des concurrents qui emmène l’observateur avisé à se demander s’il faut rire ou pleurer face à un tel tableau.
En vérité, le vrai sujet ces jours-ci est la guérilla urbaine à laquelle on assiste avec une prolongation en joutes épistolaires sur les réseaux sociaux. Comme on l’a vu samedi dernier, femmes, jeunes et mêmes les personnes âgées ont réussi à vaincre la peur pour gagner la rue manifestants par petits groupes pour montrer leur colère. Le fait est inédit et selon les différents organisateurs, il ne s’arrêtera pas de sitôt.
Dans un système politique fermé depuis des années où l’opposition et la société civile subissent le diktat du pouvoir, se contentant de communiqués de presse comme moyen de protestation, la colère de samedi dernier est un pas plus important dans l’acquisition du droit constitutionnel de marcher. Ce droit, le pouvoir l’a toujours dénié à toutes les organisations qui ont tenté d’en faire usage. Que ce soit les syndicats ou les partis politiques, la moindre annonce d’une marche est assortie d’un arrêté d’interdiction et le lieu de la marche quadrillé par les forces de l’ordre. Or, depuis le 6 février, ces Tchadiens qui subissent depuis des mois le blocus de la police ont réussi à casser le dispositif et ont marché. D’autres marches sont annoncées ce week-end et manifestement, plus rien ne sera comme avant. C’est la bataille qui vaut la peine au-delà d’une présidentielle qui ne sera qu’à une formalité instaurée par un système qui ne fait que tirer le pays vers les abîmes.
La Rédaction