Il faut sauver l’école
Cela fait trois mois que l’école publique et certains établissements privés sont à l’arrêt. On aurait dit plutôt que l’année scolaire n’a quasiment pas démarré en raison de la grève des enseignants pour des retards de salaires. Comme les autres fonctionnaires, les enseignants subissent la crise économique que traverse le pays et qui l’a mis sur cale.
Les établissements publics ont gardé leurs allures des vacances et ceux du privé, sommés d’arrêter les cours ont été obligés, pour certains de suivre le mouvement, pour d’autres de se faire discrets pour ne pas subir la foudre des bandes de jeunes, désœuvrés qui se déchainent contre les écoles qui font cours comme ils le font avec les véhicules de l’administration publique. Cela fera bientôt un trimestre et le spectre d’une année blanche hante les esprits. Certains parents qui avaient flairé la chose ont dépêché leurs progénitures au Cameroun voisin où ils poursuivent leur scolarité.
L’éducation est l’avenir de la nation. Ce sont des enfants bien formés qui feront le Tchad de demain. Mais chez nous, l’affaire ne semble pas préoccuper outre mesure au point où beaucoup ne savent même pas que dans certaines facultés, l’année scolaire 2015-2016 n’est pas encore terminée.
Face à cette situation, le mutisme du gouvernement et principalement le ministre de l’éducation nationale et de la formation civique est des plus étonnants. Aphone, invisible, Ahmat Khazali semble suivre le courant des réformes et de la contestation qui va avec, entraînant l’école tchadienne vers les abysses. Point d’initiative, même pas une amorce de dialogue avec les syndicats qui n’ont de cesse de le revendiquer même s’il faut l’admettre, un dialogue dans les conditions actuelles, ne mènera pas à grand-chose, tant que les salaires, une des causes de la crise, ne sont pas payés.
L’unique mois de salaire versé la semaine dernière pourrait être le prétexte pour entamer un dialogue même si les enseignants tiennent mordicus qu’ils ne reprendront pas la craie tant que le dernier des leurs n’aura pas perçu son dernier centime.
Après, il faudra gagner l’autre manche celle des mesures et principalement le décret 631 portant réduction des indemnités d’une partie des fonctionnaires. Acte jugé illégal par «tous les magistrats du Tchad » qui ont néanmoins accepté de suspendre la longue grève qu’ils ont déclenchée en attendant que le chef de l’Etat ne leur «trouve une solution ».
C’est un aveu d’échec pour ne pas dire d’erreur de la part du chef de l’Etat qui sans le dire semble surpris par la portée des mesures qui affectent aujourd’hui tout le tissu social dont l’école fait partie.
Il n’y a donc pas de honte à admettre qu’on s’est trompé. Retirer la mesure et envisager une autre avec plus de recul aura le mérite de décrisper la situation, rouvrir les écoles de sorte qu’on se souviendra que le gouvernement a su faire amende honorable. Ce sont la démocratie, le pays et surtout les élèves, nos enfants qui en seront les bénéficiaires. Au-delà d’un ego qui n’a de bénéfice que le négatif.
La Rédaction