A peine la saison des pluies terminée, les conflits éleveurs agriculteurs ont repris dans les campagnes avec son corollaire de morts. Comme une fatalité…
« Depuis une semaine déjà, les troupeaux rodent autour de nos champs. Nous sommes sous pression et les autorités font pression pour que nous récoltons alors que les épis ne sont encore à maturité. C’est invivable ». Le témoignage est celui d’un agriculteur de la province du Logone occidental harcelé par les troupeaux de bœufs arrivés autour des champs depuis la fin octobre et qui menacent de dévaster les champs.
Dans tout le sud du Tchad, ce qui est un cycle est de retour depuis quelques semaines. Des agriculteurs, couteau de jet en l’air fonçant sur des bergers armés de flèches voire des kalachnikov dans un scénario qui se termine fatalement en morts d’hommes et des blessés. Le dernier cas en date reste celui du canton Berem dans le Mayo-Kebbi où le conflit du même genre a fait plus de dix morts et des blessés. Quelques jours plutôt, c’est au Moyen Chari que le même drame s’est joué avec son corollaire de morts et de blessés.
Jusqu’à quand ? C’est la question que tout le monde se pose alors que la saison des massacres a repris perpétuant le cycle d’un mal qui désagrège la coexistence pacifique entre Tchadiens. Assurément pas pour bientôt surtout que derrière ces conflits se trouvent des administrateurs et autres chefs militaires qui sont les vrais éleveurs et entretiennent ce conflit avec en filigrane l’opposition agriculteur-éleveurs et un arrière-goût d’opposition nord-musulman versus sud-chrétien.
Alors qu’en vérité, la pression sur les ressources fourragères qui s’accentue depuis des années aurait pu trouver une solution si on avait un Etat. D’abord le Tchad n’est pas le seul pays au sahel où cohabitent pasteurs et agriculteurs. Mais d’où vienne-t-il que la fin de chaque hivernage donne lieu à ce genre de spectacles qui renforcent au jour le jour le craquèlement de l’édifice Tchad ? Pour sûr, il est entretenu par l’absence de volonté politique. Il y’a une vingtaine d’année, un organisme international a organisé un forum sur la question. Des résolutions ont été prises allant dans le sens du renforcement de la cohabitation entre les deux communautés. On réalise après tout ce temps que les choses se sont plutôt dégradées voire empirées parce que les autorités administratives censées être arbitre sont désormais parties au conflit.
On ne sait combien de victimes fera la saison 2020 de cette nouvelle saison des massacres entre compatriotes. Mais une chose est sure, ce sont deux mamelles de l’économie qui se retrouvent en train de se neutraliser alors que sous des cieux où les dirigeants sont mieux inspirés, les deux activités se donnent la main pour travailler au développement économique et social de leur nation. En passant, sommes-nous dans une nation ?
La Rédaction