Cela fait bientôt trois semaines que la courbe de la pandémie est à la baisse si l’on en croit les chiffres publiés quotidiennement par le comité de gestion de la crise sanitaire. Très peu de nouvelles contaminations, presque plus de morts et moins de soixante patients sous traitement. De quoi mettre du baume au cœur n’eut été l’évolution de plus en plus inquiétante de la pandémie dans les provinces du Guéra et du Kanem. Les deux provinces dont un des gouverneurs a même été atteints figurent en tête de peloton sans qu’on ne sache vraiment l’ampleur de la contamination et le nombre réel de morts.
C’est d’ailleurs le cas de tout le pays parce que malgré le battage médiatique, nous ne disposons jusqu’à preuve du contraire que d’un seul laboratoire mobile avec une capacité d’une centaine de tests par jour. Le nombre de cas déclarés par jour ne serait que le résultat de prélèvements datant de plusieurs jours. Ce qui ne permet pas d’avoir une photographie réelle de la situation. Combien de Tchadiens ont contracté la Covid-19 et combien en sont morts? Bien malin qui saura répondre à cette question avec une précision scientifique. D’où la nécessaire prudence face à l’appel de plus en plus pressant au deconfinement.
Il est vrai qu’il faut «apprendre à vivre avec la pandémie» mais ouvrir les villes qui en vérité n’ont pas été hermétiquement confinées alors que la pandémie s’étend aux provinces pourrait être suicidaire. Surtout que même les états plus organisés avec des moyens conséquents reconfinent à nouveau des villes entières après de nouvelles vagues de contaminations. Alors que nous recevons seulement maintenant de quoi faire face de manière conséquente à la maladie, il vaut mieux agir avec méthode pour ne pas retomber dans le cafouillage du début de la pandémie. C’est une question de sens.
La Rédaction