«En Centrafrique, le Tchad fait partie du problème et de la solution». Cette conclusion d’expert reste d’actualité près de dix ans après le retrait de nos troupes de ce pays voisin où nous avons joué un rôle prépondérant dans les années 1990/2000. Avec le nouvel épisode de ce qu’il convient d’appeler l’affaire Miskine, le Tchad se remet dans le jeu politique centrafricain parce qu’en vérité, ce n’est pas par quête de justice que le pays a opposé une fin de non-recevoir à la justice centrafricaine et la cour pénale internationale. Et les faits qui suivent l’illustrent.
Fin Octobre 2019, alors qu’il avait été rejoint dans le nord-est de la Rca par Adoum Rakhiss, un autre chef de guerre centrafricain mais dont la famille vit à Mound, Abdoulaye Miskine, fait face à un déluge de feu qui l’oblige à battre en retraite vers le Tchad. Lui et ses éléments prennent contact avec les services Tchadiens qui mettent quelques jours à lui répondre qu’il peut traverser en direction du pays de Toumaï. En choisissant le Tchad, il a sans doute voulu se mettre à l’abri, lui qui était à la tête des revendications appelant au respect des accords de Khartoum entre le gouvernement centrafricain et les mouvements rebelles. Miskine cherche sans doute aussi à éviter de se retrouver prisonnier comme au Cameroun où il a fallu des prises d’otages et l’entregent du président congolais Denis Sassou Nguesso pour le sortir de prison.
Mais pour N’Djaména qui le détient en ce moment, Abdoulaye Miskine peut être un bon pion pour reprendre pied dans le jeu politique centrafricain où la Russie vient d’arriver de plein pied excluant de fait les partenaires traditionnels.
Deux options sont possibles: soit le Tchad travaille comme médiateur pour un retour du ministre Abdoulaye Miskine en Centrafrique, soit il s’en sert comme un épouvantail comme il l’a fait avec Bozizé il y’à bientôt vingt ans. Dans tous les cas, le positionnement de N’Djaména dépendra de celui de Paris qui reste la tutelle, quoi qu’on dise.
La Rédaction