Edito

Edito N°030

Edito N°030 1

Les enseignants de la galère

Alors que le monde commémore la journée mondiale de l’enseignant ce 5 octobre, au Tchad les enseignants qui ont tout donné vivent dans la galère. Ils sont obligés de débrayer pour ne serait-ce que revendiquer le salaire qui est pourtant sacré. Pire, le gouvernement prend une décision impopulaire et antisociale pour geler les primes et indemnités pour une période de 18 mois.

Malgré les contestations, droit dans sa botte, le gouvernement réaffirme sa volonté de mettre en application les différentes mesures pour juguler la crise quand bien même qu’on sait que ces mesures ne sont pas une solution à la crise. Mieux ! Il faudrait gérer de façon saine les finances publiques que de distraire le peuple avec une décision irréfléchie. L’intransigeance du gouvernement oblige les syndicats à conditionner la rentrée scolaire par le paiement intégrale des salaires, des primes et indemnités, des subsides des maitres communautaire qui contribuent  à hauteur de 70% des effectifs des enseignants selon l’Apiced et les frais de vacation des enseignants du supérieur qui totalisent 3 ans d’arriérés entrainant  ainsi la fermeture des établissement publics du supérieur, du secondaire et du primaire.  Ce qui dénote le degré de déconfiture du système éducatif tchadien à cause de la crise financière qui frappe le pays de plein fouet dont la sortie reste encore une énigme. Cette vague de grève risque de donner le coup de grâce à notre système éducatif tant décrié par l’opinion nationale et internationale.  Notre pays est classé dernier en matière de l’éducation de qualité en 2015. 

Or, les recommandations de l’UNESCO lors de la conférence intergouvernementale spéciale organisée tenue  à Paris en coopération avec l’Organisation Internationale du Travail en 2015 exhortent les pays à améliorer les conditions du personnel enseignant. La formation initiale, le perfectionnement, le recrutement, l’emploi, les conditions d’enseignement et d’apprentissage sont entre autres des points adoptés par les pays dont le Tchad afin d’arriver à une éducation de qualité. D’où le thème selon l’UNESCO : «  Valoriser les enseignants, améliorer leur statut », Malheureusement ce n’est pas le cas pour notre pays. Et pourtant, lors de son investiture le 8 août devant un parterre des Chefs d’Etat, le Président de la République Idriss Déby Itno avait promis « offrir une éducation et une formation de qualité, du primaire au Supérieur ». C’est la condition première d’un plein épanouissement. Mais c’est également, le plus sûr investissement que nous pourrons faire pour l’avenir de notre pays, a ajouté Déby. Seulement un mois après cette déclaration du Chef de l’Etat, la grève est déclenchée par le Syndicat des enseignants du Tchad (SET) ainsi que l’Union du Syndicat du Tchad (UST) d’abord à cause des retards dans le paiement des salaires et ensuite des coupes opérés sur les indemnités. Ce qui constitue un obstacle non des moindres pour l’amélioration des conditions de l’enseignant pour une éducation de qualité. La feuille de route du nouvel agenda, le Cadre d’action Éducation 2030, souligne le fait que les enseignants sont indispensables à une éducation équitable et de qualité.  À ce titre, ils doivent être « recrutés et rémunérés de manière adéquate, être motivés, jouir d’une formation professionnelle satisfaisante, et être soutenus au sein de systèmes gérés de manière efficace et efficiente, et dotés de ressources suffisantes ». L’atteinte de cet objectif ne peut se faire non seulement  dans l’augmentation substantielle du nombre d’enseignants qualifiés, mais aussi les motiver en valorisant leur travail. C’est pourquoi, il importerait à notre gouvernement de prendre des décisions qui pourront améliorer la qualité de notre système éducatif mais aussi du travail des enseignants. Par conséquent, il faut payer les arriérés des salaires, des primes et indemnités des enseignants et supprimer la mesure portant gel des primes et indemnités des enseignants si le gouvernement est animé d’une bonne volonté à offrir une éducation de qualité socle du développement d’une nation.  Pour ce faire, les députés quand bien même qu’ils sont aussi victimes des seize mesures pour juguler la crise,  doivent faire de propositions en faveur de nos enseignants lors de leur prochaine rentrée parlementaire dans l’élaboration du budget général de l’Etat 2017 qui commence ce 5 octobre. Chacun de nous est devenu ce qu’il est grâce aux enseignants. Nous sommes tous des enseignants !

La Rédaction