Edito

Kirdis vs Doums: ne nous mentons pas

Kirdis vs Doums: ne nous mentons pas 1

Ainsi donc, un ’’petage de câble’’ d’un individu a failli «mettre à mal la paix chèrement acquise» tant les réseaux sociaux, inondées en ces moments d’inactivités, ont atteint la surchauffe ces derniers jours. A l’origine, la fuite, préparée, d’une conversation entre un technicien de labo bombardé chargé de communication d’une structure en charge de la lutte contre le paludisme et un artiste comédien. Le premier dans un accès de colère ayant traité le second de sudiste esclave et étendu l’injure à toute sa communauté. Cela a suffi pour embraser le réseau bleu et rappeler à la lecture que le Tchad reste une juxtaposition de communautés qui n’ont jusque-là pas réussi à construire ’’le vivre ensemble’’. La mise aux arrêts de l’auteur des propos et son limogeage n’y ont rien fait.
Un échec à attribuer en premier au pouvoir politique qui n’a pas réussi en 30 ans à construire l’unité nationale. Sinon a détruit le peu qui reste du sentiment d’appartenance à la nation. En témoignent le maintien du serment confessionnel qui exclut depuis deux ans les chrétiens de la gestion de la chose publique et la coloration des décrets de nomination aux postes de responsabilités qui crèvent les yeux.
Au lieu de s’en prendre aux mauvais usagers des réseaux sociaux, le chef de l’Etat que l’on dit assidu sur le réseau bleu doit se résoudre à corriger les injustices crées par son régime et qui ont fait le lit à un sentiment de revanche du nord sur le sud. Cette dialectique vieille de quarante ans risque de nous ramener à la case départ. Il y’a quarante ans, c’est le nord qui réclamait la justice en prenant les armes. Aujourd’hui, on constate que l’histoire bégaie après avoir inversé les rôles. C’est dire que le Mps qui a eu trente ans pour recoller les morceaux se retrouve aujourd’hui à tenter de boucher les effusions d’un canari percé en plusieurs points. Plus grave son président, bien que garant de l’unité nationale, a souvent fait montre d’un parti-pris qui n’a pas aidé. Les plus anciens se souviennent qu’il n’a pas hésité à traiter de «mangeurs de rats» la société civile du bassin de Doba qui s’opposait à l’exploitation du pétrole au début des années 2000.
Au-delà de ce qu’il convient d’appeler désormais ’’l’affaire Djafat’’, l’occasion s’offre, encore une fois, pour refonder les bases d’un Tchad égalitaire. Et la base de tout, c’est la justice sociale et les mêmes droits quand il faut aspirer aux délices qu’offrent cette terre que l’histoire nous a donné en partage. Sinon le ras le bol se fera de plus en plus fort sur les réseaux sociaux quand il n’aura pas la possibilité de prendre les armes comme chez les toubous. La base d’une nation, c’est la justice. Tant que la République permettra à une partie de ses citoyens de mépriser les autres, elle créera les conditions objectives d’une déchirure. Ne nous mentons pas ! Lire aussi la lettre ouverte en P. 8

La Rédaction