La guerre disait Clémenceau est une affaire très sérieuse pour être confiée aux militaires seulement. On pourra aussi objecter que la guerre, quand elle cause des pertes en vies humaines comme la nation l’a connue ces dernières semaines, est très importante pour faire l’objet d’une récupération politicienne assortie d’un spectacle où la grande muette tend la sébile pour recevoir les « bienfaits » du peuple fier de ses prouesses. L’armée, notre armée représentée par les deux adjoints au chef d’état-major a crevé l’écran ces dix derniers jours par un rituel peu honorable qui consiste à recevoir un coup, une palette d’eau, un autre un bidon d’huile ou saisir les cornes d’un bélier, don d’un groupe, d’une association ou d’une entreprise venue soutenir ses intrépides guerriers.
Un spectacle qui interroge sur les égards que l’on donne à ce corps qui a certes le droit de communier avec son peuple mais pas au point de faire d’un lieu stratégique comme les locaux de l’état-major général des armées la scène d’un spectacle qui ferait croire que notre armée manquait de vivres.
Il est vrai que cette récupération politique, au ras des pâquerettes, est indécente. Il faut admettre que la gouvernance de l’armée comme nous l’avons écrit plus d’une fois, doit être revue pour lui donner le contenu de ce qu’il affiche. Une armée républicaine et non celle des combattants où les chefs peuvent disposer à volonté et en toute impunité des primes de leurs subalternes. Une armée où, la carrière tienne du niveau d’instruction, des applications effectuées, de l’ancienneté et non pas de l’appartenance géographique. Une armée où on se soucie de la vie des hommes, où les règles d’engagement minimisent les risques de perte, une armée où la durée de la mission du soldat tienne compte de son état psychique et moral. C’est cela une armée moderne. C’est aussi comme cela qu’elle méritera les égards de la nation comme souhaité par le chef de l’Etat dans son discours de ce 14 avril (lire page 3) quand il demande à la représentation d’adopter une loi qui assure la prise en charge des familles de soldats tchadiens morts en mission.
La future loi disposera-t-elle pour l’avenir et donc quid des martyrs de Bohoma et des nombreux théâtres extérieurs comme l’Ardrar des Ifoghas? Surtout que la plupart des premiers soldats partis en intervention au Mali sous drapeau onusien n’a pas été rémunéré au juste prix des primes qui devaient leur être versées. Serait-ce une occasion pour rendre aux familles de ceux qui ont perdu la vie au service de la nation la reconnaissance de la nation ? Pour sûr, c’est la politique de défense dans tous ses aspects qui doit être revue pour s’adapter aux exigences sécuritaires nouvelles. Continuer à procéder comme on le fait ne nous mènera pas bien loin. Parce que la guerre, la nouvelle guerre asymétrique est une chose sérieuse qui n’a pas besoin de folklore.
La Rédaction