L’un des dossiers traités par le président de tribunal de grande instance de N’Djaména en matière de référé administratif ce lundi 30 mars 2020, est l’affaire opposant l’Office national des examens et concours du supérieur (Onecs) à Monsieur X pour refus d’authentifier son diplôme.
L’histoire remonte à l’année scolaire 2002-2003. Le ministre de l’enseignement supérieur de l’époque prend un arrêté portant création d’un centre d’examen de baccalauréat parainné par le Centre Islamique d’Afrique. C’est à la requête de Dawa islamique que l’arrêté a été pris.
« C’est pour dire qu’à côté du baccalauréat que nos enfants composent, il y a un autre baccalauréat qui se déroulait en parallèle », commente un responsable de l’Onecs.
Et c’est en 2014, plus de dix ans après que les nouvelles autorités de l’Office national des examens et concours du supérieur (Onecs) vont s’en rendre compte lors de l’authentification des diplômes. « Lorsque nous avons demandé d’où est-ce que vous sortez avec ces baccalauréats, on nous a présenté l’arrêté de création du centre d’examen au Centre international du Soudan en Afrique qui ne concerne que l’année 2002-2003 », renchérit notre source à l’Onecs qui ajoute : « par une note, nous avons demandé aux responsables du centre d’arrêter d’organiser le baccalauréat et comme la question des bacheliers ayant décroché leurs diplômes de 2003 à 2014 se posait, nous leur avons demandé de déposer les procès-verbaux pour les examiner au cas par cas ».
En dépit de la note de l’Onecs interdisant le déroulement du baccalauréat, le centre va organiser contre toute attente l’examen en 2015 mais cette fois à Kousseri au Cameroun. « Le jeune homme X qui a échoué par deux fois au baccalauréat tchadien sera admis au bac de Kousseri. Déjà, il a échoué à son 2ème bac tchadien en juin 2015 après qu’il est admis au ‘’’bac de Kousseri’’ organisé en mars (de la même année). Et c’est avec le bac du centre international du Soudan en Afrique qu’il a fait ses études à l’Université Roi Fayçal jusqu’à obtenir un diplôme de technicien supérieur dans le domaine de la santé », précise l’avocat de l’Onecs Me Laguerre Dionro Djérandi.
Le jeune X qui s’est présenté à l’Onecs pour authentifier son diplôme va faire face à un refus de l’établissement. Après avoir engagé une procédure au fond en annulation devant la chambre administratif du tribunal de grande instance de N’Djaména (en cours), il demande en référé la suspension les effets du refus d’authentifier.
En tant que conseil de l’Onecs, nous avons deux préoccupations : « primo, au-delà du fait que cet arrêté autorise le centre à organiser uniquement le baccalauréat de 2002-2003, d’où vienne-t-il qu’il a continué à organiser des examens. Secundo, ce n’est pas sur le territoire tchadien que le baccalauréat est organisé et l’Onecs demande au centre de fournir l’autorisation du gouvernement camerounais leur permettant d’organiser ce baccalauréat sur son sol», martèle Me Laguerre Dionro Djérandi.
« Nous sommes prêts à jeter de l’anathème aux autorités mais si à des moments il y a de toilettages qui se font ou qu’on cherche à trier le bon grain du mauvais, il faut les encourager », ajoute-t-il.
Le dossier est mis en délibéré et la décision sera rendue le 13 avril prochain. Nos efforts pour avoir la version de la partie adverse ont été vains.