Selon un rapport du centre de recherches United states institute of peace (Usip), les puissances alliées du Tchad à l’exemple de la France et des Etats-Unis qui s’appuient sur le pays pour lutter contre le djihadisme en Afrique risquent d’encourager l’instabilité politique et la violence en soutenant le régime tchadien.
« Aujourd’hui, grâce à la capacité militaire du Tchad, la France et les Etats-Unis considèrent le président tchadien, Idriss Déby Itno comme un allié crucial », mais ils risquent « d’encourager l’instabilité politique et la violence qu’ils veulent pourtant freiner », selon cette étude de United States Institute of Peace (Usip). C’est pourquoi, indique les auteurs dudit rapport, Marielle Debos et Jérôme Tubiana, « les alliés du Tchad doivent être conscients que soutenir un dirigeant autoritaire qui s’est maintenu au pouvoir pendant vingt-sept ans grâce à des élections truquées, à la cooptation et à la répression des opposants politiques peut s’avérer une stratégie risquée et peu viable ».
Le rapport recommande qu’au lieu de donner un soutien largement inconditionnel à un régime vieillissant, les soutiens internationaux devraient décourager la répression de la contestation et encourager la négociation d’une transition inclusive. Pour les auteurs, un mécontentement social non armé a été visible ces dernières années, mais « l’ampleur de ces manifestations a été limitée par le harcèlement et l’intimidation du gouvernement », ajoute-t-il. Le Tchad connaît également des menaces sécuritaires à ses frontières libyenne et soudanaise, où s’agitent depuis longtemps des mouvements rebelles. « À première vue, le Tchad semble moins vulnérable qu’il ne l’était dans les années 2000, mais il serait prématuré de conclure que la guerre appartient au passé », selon les chercheurs.
Selon Marielle Debos et Jérôme Tubiana, le Tchad est aussi durement touché par une crise économique « dont les origines sont à trouver dans la mauvaise gouvernance autant que dans la chute des cours du pétrole ». Cette crise touche gravement les populations pauvres ainsi que les plus de 500.000 réfugiés et déplacés du pays. « On en demande beaucoup au Tchad au niveau militaire, bien que les capacités de son armée restent limitées et qu’elle doive maintenant faire face à des menaces à toutes ses frontières », estime Jérôme Tubiana. Il faut aussi rappeler que l’armée tchadienne, déjà déployée dans des pays étrangers et au sein de forces internationales, participe aussi au G5 Sahel contre les groupes islamistes armés. Les Etats-Unis ont cependant inscrit le pays sur leur liste noire, car selon le président Donald Trump, N’Djamena « ne partage pas de manière adéquate les informations concernant la sécurité du public et le terrorisme ».
S.N