Alors que s’ouvre ce vendredi 22 novembre 2019 à Yaoundé au Cameroun le sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac), une lettre du collectif des fonctionnaires de la Commission de ladite institution vient alerter les Chefs d’Etat sur la gestion opaque de son président, le gabonais Daniel Ona Ondoa. Une lettre qui fait suite à des articles dénonçant la gestion de la Beac, une autre institution de la Cemac par le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.
Le président de la Commission de la Communauté des États de l’Afrique centrale, le professeur Daniel Ona Ondoa est accusé par ses collaborateurs d’avoir fait conclure sans l’avis du directeur des marchés publics de la commission, deux marchés de réfection, réhabilitation et de la construction des résidences et bureaux de la Commission à Bangui en prévision du retour du siège de ladite institution en République centrafricaine à deux entreprises gabonaises. Le premier marché a été attribué à l’entreprise Société africaine du bâtiment (Saba), bénéficiaire du contrat numéro 00184 pour la réhabilitation des travaux de construction et réhabilitation de la résidence du président, travaux de construction d’un duplex et travaux de réhabilitation des villas numéros 2, 3, 4, 5, 6 et 7 de la Cémac à Bangui pour un montant de 2 035 872 049 francs Cfa. Et le second, à une autre entreprise gabonaise, Ravi Service en vue du contrôle des travaux de réhabilitation du patrimoine de la Cémac à Bangui pour un montant de 200 millions de francs Cfa. Voulant faire respecter les procédures, le directeur des marchés publics de la Commission s’est fait licencier par le professeur Daniel Ona Ondoa sans préavis et sans droit. « Les fonctionnaires du circuit financier, réticents au départ à libérer le paiement lié à ces marchés se sont vus contraints de s’exécuter sous peine de licenciement », indique la lettre du collectif du personnel.
En plus de ce comportement dénoncé par le collectif du personnel de la Commission, sur la base d’écoute des commérages et d’un dispositif de délation, que le professeur Daniel Ona Ondoa a institué et qu’il entretien, comme mode de gouvernance, il musèle ou affecte dans d’autres services certains fonctionnaires potentiellement indépendants et libres d’esprit pour ne pas le contrarier. On signale même des recrutements opaques et des promotions familiales. À titre d’exemple, le fils du président de la Commission, Désiré Ona Ondoa recruté courant mai 2019 a été promu après un mois et demi, période d’ailleurs inférieure au stage, comme adjoint du Directeur administratif et financier.
Pour le collectif du personnel de la Commission, les méthodes de gestion de Daniel Ona Ondoa conduisent inéluctablement la Communauté vers la déconfiture, et la sonnette d’alarme que tentent désespérément de tirer la vice-présidente et certains Commissaires ne produit pas l’écho suffisant pour provoquer un éveil de conscience. « L’absence d’une stratégie opérationnelle et l’opacité de plus en plus profonde qui prévalent dans la gestion des ressources humaines et Financières de la Commission de la Cemac commandent que des mesures urgentes soient prises par les instances communautaires », ont conclu le collectif du personnel.
Cette lettre est un autre pavé dans la mare de la Cemac après la publication de plusieurs articles dans la presse camerounaise accusant le gouverneur de la Beac, Abbas Mahamat Tolli des mêmes pratiques.
Sabre Na-idem