Dans un communiqué publié ce mercredi 13 novembre 2019 en réaction aux rumeurs faisant état d’une dégradation de l’état de santé de l’ancien président du Tchad Hissein Habré, les victimes de son régime parlent d’une ruse. Ils s’opposent à l’idée d’une éventuelle grâce et réclament leur indemnisation.
C’est un communiqué qui ressasse les mauvais souvenirs du règne de l’ancien président tchadien et évoque ses conditions actuelles de détention. « Nous ne souhaitons à quiconque, pas même à Hissein Habré, de subir ce que nous avons subi dans les prisons de sa police politique, la Dds. Là-bas, il n’y avait ni médicaments ni médecins pour les détenus Si Habré est vraiment malade, il a le droit d’être soigné correctement », relève le président de l’Association des victimes des crimes et répressions d’Hissein Habré (Avcrhh), Clément Abaïfouta, qui estime que l’ancien président est un homme rusé. « Habré avait déjà prétendu avoir eu une crise cardiaque cinq semaines avant l’ouverture de son procès. En réalité, il n’en était rien. C’était une ruse pour éviter son jugement », ajoute Clément Abaïfouta qui se demande si cette fois, la ruse de Habré viserait-elle une grâce. « Une telle grâce est de toute façon interdite par l’article 26 (3) du Statut des Chambres (L’État d’exécution [de la peine] est lié par la durée de la peine), fruit d’un traité avec l’Union africaine et qui ne dépend donc du seul Sénégal. Les Chambres ont ordonné à Habré de payer 82 milliards de francs CFA aux 7 396 victimes désignées. A ce jour, il n’a toujours pas versé un seul centime aux victimes », précise-t-il.
D’après lui, non seulement les victimes vivent dans une situation désespérée mais de nombreuses d’entre elles sont décédées depuis ce jugement historique et ne recevront jamais la juste indemnisation de leurs souffrances reconnues après 25 ans de combat judiciaire. « Habré réclame aujourd’hui la compassion qu’il n’a jamais donnée aux victimes de son régime. Il est légitime de penser à la santé de Hissein Habré et nous sommes les premiers à y penser, pour avoir l’assurance qu’il effectue réellement la peine de prison à laquelle la justice l’a condamné. Il ne faut cependant pas oublier de penser aussi à nous, victimes, qui attendons toujours de lui qu’il nous indemnise », martèle Clement qui ajoute que les rumeurs de cette maladie sont propagées par les soutiens de Hissein Habré. Des rumeurs selon lui démenties par l’administration pénitentiaire.
Stanyslas Asnan