Il est le premier tchadien à suivre une formation en coaching territorial, un métier tout à fait nouveau, né au Maroc dans la région de l’Oriental, qui promeut un développement harmonieux des collectivités locales, en associant toutes les couches de la population. Gongdo Noël, administrateur civil, parle dans cet entretien de sa formation en coaching territorial à Oujda au Maroc et sa valeur ajoutée pour le Tchad.
Vous avez suivi une formation en coaching territorial au Maroc. Dites-nous ce que c’est ?
Le coaching territorial vise à accompagner la mise en synergie des acteurs locaux pour mobiliser les potentiels respectifs en vue de résoudre un problème spécifique, à promouvoir le développement durable et l’attractivité du territoire. Il permet d’amener les opérateurs de la décentralisation communément appelés les acteurs locaux à se retrouver, discuter, identifier les problèmes ensemble et trouver ensemble des solutions. Il ne s’agit pas de venir avec des solutions, mais laisser les acteurs s’inscrire dans un processus où ils doivent identifier les problèmes ensemble et trouver les solutions ensemble. Donc c’est un processus de changement qui porte sur la dimension comportementale. C’est aussi un outil qui permet bien évidemment aux acteurs locaux de développer des attitudes nouvelles par l’instauration d’un dialogue constructif entre eux. Au-delà de ça, c’est aussi le moyen de surmonter tout ce qu’il y a comme blocage au niveau de la communication ou du relationnel. En résumé, le coaching territorial est un travail qui consiste à améliorer les relations humaines par l’adoption des attitudes favorables à la concertation, à la construction des visions et d’objectifs convergents.
Donc le coach territorial, c’est en quelque sorte un facilitateur, médiateur entre les acteurs locaux ?
Oui, c’est un facilitateur, un accompagnateur, c’est comme le coach dans le domaine du sport. Ce n’est pas lui qui joue au football mais plutôt le joueur. Le Coach accompagne le joueur, l’amène à développer ses potentialités. Il faut laisser le coaché mobiliser ses forces, ses potentialités.
Le coaching territorial est une discipline plutôt nouvelle. Combien de Tchadiens ont suivi la formation dans ce domaine ?
Je fais partie de la troisième promotion des coaches territoriaux. Et pour l’heure, le seul Tchadien à prendre part à cette formation qui sera sanctionnée par une certification. Je ne suis pas encore certifié. Il va falloir attendre la deuxième phase parce que la formation est organisée en deux séquences. La première s’est passée en juin comme je l’ai souligné plus haut et la seconde se déroulera en novembre. Après le premier parcours, on passe un stage pratique à l’issue duquel il faut un rapport qui sera défendu devant un jury. Cela permet au jury d’apprécier si l’apprenant a su concilier la théorie avec la pratique. Moi j’ai travaillé avec le staff technique de l’Association nationale des communes du Tchad (Anct) sur le thème « Diagnostic organisationnel et la vision de l’Anct».
Quel est l’intérêt même du coaching territorial ?
Le coaching territorial lie le développement local durable au comportement humain. C’est ça la nouvelle touche du coaching. Etant donné que c’est une approche qui consiste à accompagner les acteurs locaux, notamment les élus, la société civile et même l’Etat au niveau déconcentré donc son intérêt est capital en ce sens qu’il permet d’accompagner un processus de développement durable. Le coach territorial accompagne les collectivités locales par exemple dans le cadre de l’élaboration du plan de développement communal qui est un outil de planification au niveau des collectivités. Il n’accompagne non pas comme un consultant qui vient avec une solution mais amène le coaché à mobiliser ses potentialités pour à arriver à un résultat escompter. On dit souvent qu’on ne développe pas le citoyen ; le citoyen se développe lui-même.
Le Tchad est un pays où les relations entre l’administration locale et les administrés et ne sont pas toujours faciles. Etre un coach territorial dans un tel environnement, n’est-ce pas un casse-tête chinois ?
Oui, au début peut-être que ça va être difficile parce que ça s’inscrit dans un processus. Aujourd’hui si on a des coaches qui sont outillés, qui ont des méthodes, des approches, ils peuvent amener les différentes parties à collaborer parce que le coaching territorial, c’est amener les gens à dialoguer. Vous savez, certaines difficultés sont liées au fait que chacun se croit supérieur à l’autre. Dans la démarche coaching on est dans la situation de ‘’ok+, ok+’’ c’est qu’on est à égalité, on respecte dans ce qu’on fait et on considère le point de vue de l’autre. Chacun des citoyens a une partie de la solution aux problèmes. Donc si chacun se dit qu’il a une solution aux problèmes et si les différents des acteurs se retrouvent dans un environnement de dialogue et de concertation, ça veut dire que chacun apporte sa contribution en termes de solution aux problèmes d’un pays, d’une collectivité.
Propos recueillis par NM