Ce qu’il convient d’appeler ’’l’affaire Guedallah’’ a eu son épilogue lundi soir par la nomination d’un nouveau directeur de la Télé-Tchad en la personne de Mbaïndiguim Elon, précédemment directeur de cabinet du ministre de la Communication. Le confrère paye, en dépit des dénégations, le crime de lèse-majesté d’avoir ouvert les antennes des médias publics aux transformateurs que le pouvoir cherche vaille que vaille à maintenir dans l’illégalité. Une posture qui illustre l’immobilisme dans lequel sont restés les médias publics depuis trente ans.
Très vite après son arrivée au pouvoir, le régime n’a pas supporté malgré, le vernis démocratique dont il s’est enduit, la liberté d’esprit de certains ainés dans la profession. Les moins chanceux ont été tués, ceux qui ont eu du bol ont été radiés de la Fonction publique avant qu’une décision de la Conférence nationale souveraine ne les réhabilite. Entre 1993 et 2019, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Conseillé par des journalistes ’’Débystes’’, le pouvoir a fait former en masse chez l’ami Barré Maïnassara ’’ses journalistes’’, en vérité des thuriféraires dédiés à chanter les louanges du système et censurer toutes voix discordantes. Ces confrères poussent même l’outrecuidance jusqu’à donner des leçons aux autres oubliant de balayer devant leurs portes. Encore, faut-il qu’ils aient conscience de leur propre situation parce que le clientélisme aidant, on retrouve dans cette cohorte des semi-lettrés, des diplômés en journalisme sans avoir le baccalauréat, bref, une belle pagaille… Le nivellement entamé depuis lors a atteint le summum avec l’unanimité qu’a réussi à faire la Télé-Tchad contre elle.
Ce qui s’est passé la semaine dernière n’est qu’une violation de plus de l’article 28 de la constitution du 4 mai 2018 et transforme en mensonge le fameux «je ne vous apporte ni or, ni argent, mais la liberté». La Télé-Tchad comme la radio ne sont pas les instruments d’un régime mais la propriété du peuple Tchadien. Les fonctionnaires de l’office national des médias audiovisuels comme ceux de l’agence tchadienne de presse et d’édition ne doivent pas être des militants du pouvoir ou de l’opposition. Ils sont en charge du service public et doivent y exercer en toute impartialité. Il est grand temps pour la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama) dont l’autorité de validation des nominations dans les médias publics est d’ailleurs souvent bafoué, de siffler la fin de cette pagaille qui n’a que trop duré. Les médias sont le baromètre d’une démocratie. Or, à nous comparer aux autres, nous ne sommes pas les mieux lotis.
Le Rédaction