A la Une des journaux tchadiens, la situation sécuritaire dans le pays et la nomination du nouveau sultan du ouaddaï.
« La chape de plomb », titre à sa Une votre hebdomadaire Le Pays qui a prédit ’’la saison des massacres’’ dans son avant dernière parution du 29 au 26 juillet 2019. « Et ce que l’on craignait arriva. En titrant dans notre précédente édition que l’hivernage 2019 risque d’être ’’la saison des massacres’’, nous ne croyions pas si bien dire », rappelle Le Pays qui relève que : « en moins d’un mois, de dizaines de compatriotes ont été tués obligeant le gouvernement à instaurer un état d’urgence qui fera plus de mal qu’il ne résoudra les problèmes qui tiennent en vérité de la gouvernance ». Votre hebdomadaire se désole en sus que « l’hivernage qui promet d’abondantes récoltes aura aussi versé abondamment de sang ». « L’abime sécuritaire », enfonce à son tour Abba garde qui constate une insécurité galopante dans plusieurs provinces du pays. « Plus de 200 morts enregistrés en l’espace de deux mois dans le Ouaddaï et le Sila », note le trimensuel qui relève des cas de braquages, de viols, d’enlèvements de femmes et d’enfants partout. « Au Lac, Boko Haram se sert des failles sécuritaires pour semer la désolation dans cette province où les autorités administratives sont dépouillées de tous les fonds de sécurité. Pendant que les publicités politiques du pouvoir le félicitent pour les mesures prises, une expédition punitive lancée par un groupe armé sur le village Sandana dans le moyen Chari fait 11 morts », informe-t-il. « Moto-Moto », titre l’éditorialiste du journal Le Pays pour dénoncer la saisie des motos des populations de l’Est et le dérapage verbal du chef de l’Etat. « Procéder par la hussarde a toujours été dans l’Adn du pouvoir Déby. Cependant, tout observateur averti ne perdra pas de vue le fait qu’au Ouaddaï et au Tibesti, le pouvoir fait face à un mécontentement lié à la désignation d’un nouveau Sultan et de l’exploitation de l’or, qu’il cherche à écraser et les tueries de nos compatriotes sont une occasion pour résoudre à la fois plusieurs problèmes », regrette-t-il.
« Traque des commerçants opposés au nouveau sultan », renchérit Abba garde qui annonce qu’une liste de 123 commerçants, hostiles au nouveau sultan imposée par le régime à la province du Ouaddaï a été remise à la circonscription des douanes par un responsable local de l’Ans. « Ils sont accusés de soutenir la protestation et de financer les conflits intercommunautaires qui ont cours dans la province ces derniers mois. L’astuce trouvée est le dédouanement des marchandises entrées frauduleusement dans les marchés. Plusieurs Bogo bogo ont fait irruption dans les marchés de la ville pour exiger les documents relatifs au dédouanement des marchandises dans plusieurs boutiques », ajoute-t-il.
« Situation sociopolitique critique du Tchad : l’Udp de Max Kemkoye lance l’alerte », annonce Abba Garde qui rapporte : « Tchad, le risque d’une crise politique inévitable aux conséquences socioéconomiques dramatiques où l’urgence d’une solution politique ».
Selon le trimensuel, l’Union des démocrates pour le développement et le progrès dresse un tableau sombre de la situation du Tchad. « L’Udp s’est appesanti sur le communautarisme qui s’est accentué avec les affrontements intercommunautaires et agriculteurs/éleveurs entretenus aux moyens d’armes de guerre ayant atteint une amplitude critique où l’on note parfois des interventions disproportionnées et meurtrières des forces de défense et de sécurité avec à la clé de dizaines de morts. Sur le plan politique, elle pointe du doigt l’absence d’un vrai dialogue à même de réconcilier durablement les Tchadiens et de créer un climat apaisé », complète-t-il. « L’Udp interpelle les consciences face à un malaise généralisé au Tchad », renchérit Le Pays qui précise que dans un mémorandum rendu public ce samedi 24 août 2019, le président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (Udp), Max Kemkoye dresse un tableau très sombre de la situation sociopolitique du Tchad et appelle les acteurs politiques et sociaux ainsi que les partenaires étrangers à prendre leur responsabilité pour éviter le pire.
« Le pays est à cran, la situation socioéconomique est intenable. Cette situation se caractérise par une souffrance désespérante des travailleurs du secteur public face à une cherté de vie dont leurs revenus ne résistent plus, une dette intérieure dépassant le seuil de 1000 milliards de franc Cfa qui bloque les agents économiques et jettent nombre d’entre eux dans la faillite. Le président de la République dont l’attitude dénote ’’ l’incapacité à gouverner ’’ et ’’ l’usure du pouvoir ‘’ s’illustre par des ingérences dans les chefferies traditionnelles. Pour preuve, la tentative de contrôle des sultanats du Dar Zaghawa et du Dar Tama, celle avortée de création et d’imposition d’un sultanat dans le Moyen Chari et la destitution puis l’imposition ou désignation d’office d’un sultan dans le Dar Ouaddaï. La nomination directe de ces chefs traditionnels est la source des éclatements ou mésententes qui déstructurent l’entente dans ces grands ensembles géographiques et la paix », poursuit-il.
Stanyslas Asnan