Des enfants victimes de Boko haram piégés au Lac
Selon le rapport publié par l’UNICEF à Dakar, le jeudi 25 juillet 2016, les violences perpétrées par la secte Boko Haram pendant ces dernières années dans le bassin de Lac Tchad ont engendré une crise humanitaire dégradante, avec 1,4 million d’enfants déplacés et au moins 1 million d’enfants toujours piégés dans des zones accessibles.
« La crise du Lac Tchad est une crise des enfants qui devrait se trouver en haut de l’agenda mondial sur les migrations et déplacements », déclare Manuel Fontaine, directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Les besoins humanitaires sont bien plus importants que la réponse apportée, surtout maintenant que de nouvelles zones inaccessibles dans le Nord-Est du Nigéria deviennent accessibles », ajoute-t-il.
Une analyse d’impact de l’insurrection de Boko Haram et son bilan dévastateur sur les enfants au Nigéria, au Cameroun, au Tchad et au Niger était faite à la publication d’un rapport en amont du sommet des Nations unies pour les réfugiés et les migrants, dénommé « Children on the move, children left behind ».Cette analyse révèle qu’ en plus des 2,6 millions de personnes actuellement déplacées, il est à craindre que 2,2 millions supplémentaires ( dont la moitié est constituée des enfants) soient piégés dans des zones contrôlées par Boko Haram et en attente d’une assistance humanitaire ; environ 38 enfants ont été utilisés pour perpétrer des attentats suicides dans la région du Luc Tchad depuis le début de l’année, ce qui porte à 86 le nombre total d’enfants utilisés dans ce type d’attaques depuis 2014 ; environ 475 000 enfants dans la région du Lac vont souffrir de malnutrition aigüe sévère cette année, contre 175 000 au début de l’année. Rien qu’au Nord-est du Nigéria, on estime que 20 000 enfants ont été séparés de leurs familles.
Ce même rapport indique aussi que la majorité de la population déplacée, plus de 8 personnes sur 10 vivent chez des proches ou des voisins. « Les populations locales partagent le peu qu’elles ont pour aider ceux en ont besoin, dans un acte d’humanité répété dans des milliers de foyers à travers les zones touchées par le conflit », informe le directeur Manuel Fontaine. C’est dans ce sens que l’UNICEF ne reste pas indifférent. Elle travaille avec ses partenaires pour répondre aux besoins essentiels des enfants et de leurs familles dans les zones affectées par la crise. Depuis le début de l’année, près de 170 000 enfants ont pu recevoir soutien psychosocial, 100 000 ont pu être traités contre la malnutrition sévère et plus de 100 000 ont pris part à des programmes éducatifs. Pour répondre à ces besoins humanitaires, l’UNICEF n’a reçu que 13% des 308 millions de dollars nécessairement pour fournir une assistance aux familles affectées par les violences de Boko Haram au Nigéria, au Tchad et au Cameroun. C’est pourquoi l’UNICEF lance un vibrant appel à la communauté des donateurs à intensifier son soutien pour les communautés affectées. Ceci permettrait d’obtenir des ressources supplémentaires qui vont aider l’UNICEF et ses partenaires à accroitre leurs interventions d’autant plus que l’accès aux zones auparavant contrôlées par Boko Haram, révèle des besoins humanitaires croissants.