Dans mémorandum rendu public ce samedi 24 août 2019, le président l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (Udp), Max Kemkoye dresse un tableau très sombre de la situation sociopolitique du Tchad et appelle les acteurs politiques et sociaux ainsi que les partenaires étrangers à prendre leur responsabilité pour éviter le pire.
« Le pays est à cran, la situation socioéconomique est intenable », lance d’entrée de jeu Max Kemkoye. Pour le président de l’Udp, cette situation se caractérise par une « une souffrance désespérante » des travailleurs du secteur public face une cherté de vie dont leurs revenus ne résistent plus, une dette intérieure dépassant le seuil de 1 000 milliards de franc CFA qui bloque les agents économiques et jettent nombre d’entre eux dans la faillite.
Une autre gangrène pointée du doigt par Kemkoye, est le communautarisme accentué avec les conflits intercommunautaires et agriculteurs/éleveurs « entretenus aux moyens d’armes de guerre » et où l’on y note parfois « des interventions disproportionnées et meurtrières des forces de défense et de sécurité ». Cette situation met selon lui, le pays au bord d’un affrontement civil généralisé du nord au sud. Face à cette exacerbation des tensions, Idriss Déby Itno déclare irrégulièrement l’état d’urgence dans le Sila et le Ouaddaï, hors cadre institutionnel avant de se rattraper par un recadrage juridique qui ne pourra stabiliser ces conflits, mais au contraire, accentuera les tensions et favorisera les violations des droits de l’homme, des libertés et des règlements de compte dénonce-t-il.
Le président de la République dont l’attitude dénote « l’incapacité à gouverner » et « l’usure du pouvoir » s’illustre également par des « ingérences dans les chefferies traditionnelles », relève Kemekoye. Il en veut pour preuve, la tentative de contrôle des sultanats du Dar Zaghawa et du Dar Tama, celle avortée de création et d’imposition d’un sultanat dans le moyen Chari et la destitution puis l’imposition ou désignation d’office d’un sultan dans le Dar ouaddaï. La nomination directe de ces chefs traditionnels est la source « des éclatements ou mésententes qui déstructurent l’entente dans ces grands ensembles géographiques et la paix », selon le président de l’Udp. Une paix qui est d’autant plus mise à mal que des tensions due à l’exploitation de l’or dans le Batha et le Tibesti par des individus protégés au détriment des provinces détentrices de ces gisements montent, souligne-t-il.
Max Kemkoye décrit en outre une exclusion et une fermeture de l’espace politique et démocratique consacrées par un code électoral, une charte des partis politiques et une ordonnance sur les associations, adoptées dans une absence de dialogue politique. La Commission électorale nationale indépendante « est totalement inféodée au pouvoir » et le Cadre national de dialogue politique, « un instrument de manipulation et de compromission », affirme-t-il.
Face à ce « malaise généralisé » qui risque de déboucher « sur une situation insurrectionnelle difficilement maitrisable », il appelle les acteurs politiques et sociaux, les amis du Tchad et la communauté internationale à la responsabilité pour un apaisement politique et social, une normalisation démocratique pouvant permettre des élections libres et transparentes ainsi qu’une paix durable au Tchad.
Ngaralbaye Mickaël