Investir dans la santé pour développer l’Afrique
Dans une déclaration faite le 23 août 2016, le Président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, relève que l’Afrique a besoin de beaucoup plus d’investissements privés pour développer son infrastructure routière et énergétique ainsi que ses réseaux de communication.
Cependant, les pays africains doivent plus investir dans la population à travers la formation; l’éducation et la santé de qualité capable de soutenir la croissance économique. C’est pourquoi, estime le président, les pays africains et leurs partenaires doivent définir une feuille de route commune afin d’atteindre la couverture sanitaire universelle (CSU) pour cette 6ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement africain prévue pour cette semaine à Nairobi au Kenya. « Cette initiative est essentielle à la croissance et à la prospérité futures de l’Afrique », note-t-il. Pour ce faire, le Groupe de la Banque mondiale s’engage à octroyer 15 milliards de dollars, étalés sur les cinq prochaines années, pour l’accélération de la mise en place de la couverture de santé universelle en Afrique. Car, l’amélioration de la santé et des taux de survie chez les mères et les enfants et la croissance économique sont étroitement liées. Pour preuve, « la Commission Lancet sur l’investissement dans la santé, les progrès accomplis en matière de survie contribuent de façon disproportionnée à la croissance économique de l’Afrique. L’amélioration de la nutrition infantile et les activités d’éveil et d’apprentissage au profit des jeunes enfants ont un effet positif sur les taux d’achèvement des études et sur les acquis scolaires, ce qui se traduit plus tard par des rémunérations plus élevées chez les adultes », mentionne Jim Yong Kim. En outre, selon la commission, le rendement des investissements dans la couverture sanitaire universelle peut atteindre 10 pour 1.
De ce fait, il faut une évaluation de la situation sanitaire actuelle en Afrique. Ceci permettra de lutter efficacement contre le taux élevé de la mortalité maternelle et infantile ainsi que la sous-nutrition dans les zones à risque. Par conséquent, « il faut établir un équilibre entre ces besoins et la demande en croissante de traitement de pathologies chroniques, liée à des maladies non transmissibles telles que le diabète et l’hypertension artérielle », insiste le Président. En revanche, la Banque mondiale félicite et encourage l’Afrique pour sa lutte contre des maladies tropicales négligées notamment la dracunculose et la cécité des rivières, ainsi que les progrès fulgurants accomplis dans la lutte contre le paludisme et le VIH.
En outre, les récentes poussées épidémiques d’Ebola et de fièvre jaune ainsi que les nouveaux cas de poliomyélite signalés au Nigéria interpellent tous les pays à la responsabilité. Compte tenu des défis sanitaires, les dirigeants africains doivent mettre en œuvre des réformes dans le domaine des services de santé et des financements pour garantir la santé universelle à travers les différents services de santé même si des progrès en matière de soins sont enregistrés.
« La couverture universelle des services essentiels demande une transformation fondamentale du mode de financement des services de santé. Elle implique le passage du système de paiement à l’usage au système d’assurance maladie par cotisations qui protège les pauvres et donne aux malades un accès rapide aux services de santé. Nous devons donner de l’argent directement aux femmes pauvres par le biais de programmes de transferts monétaires qui distribuent des allocations de santé, d’éducation et de nutrition aux femmes et aux enfants et contribuent fortement à promouvoir une croissance inclusive », propose Jim Yong Kim. A cet effet, « l’aide des bailleurs de fonds doit soutenir plus efficacement le développement de la CSU à l’échelle des pays. Grâce au Mécanisme de financement mondial, nous collaborons avec les autorités nationales pour doter leurs systèmes de santé de modèles de financement plus intelligents et durables à l’échelle appropriée ». C’est ainsi qu’à la réunion du G7 de mai dernier, le Mécanisme de financement d’urgence en cas de pandémie, le dispositif de financement innovant d’envergure mondiale ont été lancés. Ceci permettra de décaisser rapidement des fonds pour stopper la prochaine flambée de maladie avant qu’elle ne se transforme en épidémie.
La distribution de moustiquaires à plus grande échelle pour lutter contre le paludisme, l’utilisation de drones pour livrer du matériel médical permettant de sauver des vies dans des villages isolés et le déploiement de milliers de nouveaux agents de santé communautaire en Afrique sont entre autres des propositions faites par le Président de la Banque mondiale.
Enfin, il exhorte les bailleurs de fonds à multiplier des investissements afin de sauver la vie de millions de personnes, d’ aider les populations à échapper à l’extrême pauvreté et de permettre à tous les êtres humains de vivre en meilleure santé, plus longuement et de façon plus productive sur la terre.