Les lingeries friperies autrefois prisées par les moins nantis se sont quelque peu libérées de nos jours. Ces sous-vêtements peu onéreux importés d’Europe et d’Amérique tendent aujourd’hui à s’imposer dans les habitudes vestimentaires de tout le monde.
Les slips, soutien-gorge, maillots de bain, gaines, strings, jupons, nuisettes, boxers et autres que l’on ne trouvait que dans les magasins huppés sont disponibles différents marchés de la capitale. Etalés sur un morceau de tissu posé à même le sol, les sous-vêtements friperies sont exposés dans les différents marchés de la ville. On peut trouver de très belles pièces à force de fouiller. Les prix varient selon la qualité, la taille et l’état de la marchandise. Ils vont de 500 francs Cfa à 1 500 francs Cfa pour les premiers choix. Les sous-vêtements pour enfants coûtent entre 250 francs et 500francs Cfa.
En matinée, au marché de Dembé, acheteurs, vendeurs et visiteurs se confondent. Les clients n’hésitent pas à courber l’échine pour trier pendant des heures. C’est le cas de Eugénie, inconditionnelle des sous-vêtements de fripes. « Je prends mon temps pour trouver quelque chose de bien. C’est certes difficile mais cela vaut le coût, car je trouve de belles choses, pas chères et surtout de qualité ». Même discours pour cette dame, la quarantaine sonnée, rencontrée en pleine fouille. Toutefois ses préoccupations sont d’un autre ordre. « Les friperies sont plus durable et coûtent moins cher. Les chinois ont envahi le marché avec les produits de mauvaise qualité. Dans les marchés de fripes, on trouve de la lingerie non seulement de qualité mais rare. Tu peux faire toutes les boutiques tu n’en trouverais pas pareilles ».
Les vendeurs de ces dessous font des bénéfices énormes grâce à la forte demande. « Nos plus grands clients sont des demoiselles. Elles se les arrachent comme des petits pains. Il peut même arriver que certaines nous laissent leurs numéros pour qu’on les prévienne quand il y a de nouveaux arrivages », témoigne Hassan vendeurs de friperies.
Les risques encourus…
Lorsqu’on interpelle ces femmes sur les risques liés au port de ces dessous, elles attestent ne pas avoir été victimes d’un quelconque désagrément lié au port de ces lingeries. « Je les désinfecte avant de les porter. Donc je ne peux pas avoir d’infections. D’ailleurs, je les porte depuis longtemps et je n’ai rien eu », souligne une cliente rencontrée devant un étal.
Les vendeurs de ces dessous quant à eux, estiment que leurs produits sont inoffensifs car ils n’ont jamais eu de soucis avec leurs clientes en ce qui concerne le domaine sanitaire. « J’entends les gens dire que les slips des friperies peuvent causer des problèmes de santé. Personnellement, je n’ai pas encore été victime et aucune de mes clientes ne s’est déjà plainte de quoi que ce soit », déclare Mahamat, plus connu sous le surnom de « Américain », vendeur de friperies au marché de Dembé.
Pour Dr Manikassé Palouma, gynécologue obstétricien, la lingerie, de principe, ne se transmet pas et ne se partage pas, même entre sœurs. Une lingerie est strictement personnelle. « Il faut déconseiller vivement cette façon au risque de prendre des maladies à travers le fond de la lingerie. Surtout s’il y en a qui vont utiliser sans prendre toutes les précautions de stérilisation », conseille-t-il.
Selon Dr Manikassé Palouma, les dessous issus des friperies constituent un véritable nid de microbes. Faut rappeler que généralement, les femmes sont exposées aux mycoses (infection dues à un champignon), à la vaginite (inflammation da la muqueuse du vagin) et autre maladie de la peau. « Ces maladies peuvent être chroniques si rien n’est fait. Vu l’état dégradé des sous-vêtements vendues à la friperie, il n’est pas du tout conseillé de les utiliser ».
Il convient donc de jouer la carte de la prudence en évitant d’acheter les dessous qui peuvent mettre en péril la santé. Toutefois, si certaines personnes ne peuvent pas s’en passer, des mesures préventives doivent être prises. Avant de les acheter et de les utiliser, l’on doit s’assurer de leur bonne qualité, les désinfecter, c’est-à-dire les laver avec de l’eau chaude et javelliser et surtout les repasser avant de les porter. Plus un vêtement est près du corps, plus il faut le changer souvent. Alors, les friperies sont à laver sous peine de désagrément.
Fakeugnba Kedaï Edith