Les produits traditionnels destinés aux soins sont vendus à la sauvette à travers la ville de N’Djaména. Non seulement l’origine de ces produits posent un problème mais aussi les vendeurs ne sont pas répertoriés à l’association des tradipraticiens qui est reconnue par les autorités.
Contenus dans les bouteilles en verre ou plastiques, certains de ces produits sont liquides et d’autres en poudre avec les mentions portant la date de fabrication et de péremption. Chez d’autres vendeurs, aucune mention sur les bidons ou les bouteilles.
Bien que certaines personnes affirment que ces produits soignent, d’autres estiment qu’étant d’origine inconnue, ces produits peuvent être toxique pour les consommateurs.
Pour Mbaïtessem Khamis, président de l’association des tradipraticiens du Tchad, ces produits viennent d’ailleurs et sont vendus par des personnes que notre organisation ne connaît pas. « Et donc ce sont des produits qui ne sont analysés par aucun laboratoire. Ils peuvent nuire à la santé de la population puisque les vendeurs même ne sont pas connus que ce soit par nous ou par les acheteurs », rapporte-t-il. Selon le président de l’association des tradipraticiens du Tchad, l’origine et la composition de ces produits ne sont pas déterminées donc il y a un fort doute qu’ils peuvent guérir les maladies que les vendeurs prétendent soigner.
Mbaïtessem Khamis déplore par ailleurs que la vente des produits traditionnels destinés aux soins ne soit régie par les textes pour un bon encadrement. « S’il existe des textes régissant la vente des produits traditionnels, ces textes permettront de traquer aussi ceux qui en vendent de façon illicite mais malheureusement il n’existe pas », déplore-t-il appelant ainsi les autorités à prendre des dispositions pour organiser ce domaine qui, dit-il, en Afrique de l’Ouest, apporte une aide significative à la santé de la population.
Les consommateurs apprécient différemment
Pour certains vendeurs rencontrés, les produits qu’ils vendent sont d’origine indienne, nigériane, ivoirienne et béninoise donc il n’y a rien de toxique étant donné que les gens se soignent avec aussi dans ces pays. Pour Brahim, un vendeur, les produits qu’il vend soignent plusieurs maladies telle que l’hémorroïde, la gastrique, le mal de ventre… « Le mode de consommation varie selon la maladie et tous mes clients sont toujours satisfaits après utilisation de mes produits », se défend Brahim.
Et tous les vendeurs sont unanimes quant aux bienfaits de leurs produits. Selon un patient souffrant de la carie-dentaire, c’est grâce aux produits vendus dans les rues qu’il a pu soigner sa maladie. « Je souffrais de la carie-dentaire depuis un certain temps et depuis qu’un ami m’a conseillé d’acheter les produits traditionnels vendus au marché, jusqu’aujourd’hui, je ne ressens plus rien », témoigne-t-il. Mais quant à Abraham, il ne partage pas cet avis. « Je souffre de l’hémorroïde externe depuis huit mois. On m’a proposé un produit liquide dans une bouteille sur lequel est mentionné Oroki. Après avoir consommé cela pendant plusieurs semaines même je ne suis pas guéri et je vais de mal en pis. La seule option qui me reste est l’opération chirurgicale », explique explique-t-il.
Pour certains observateurs, l’usage des produits traditionnels peut se révéler très efficace pour soigner certaines maladies cependant, l’acquérir n’importe où et n’importe comment pourrait aussi se révéler dangereux pour la santé.
Temandang Gontran, stagiaire