Mépris et foutage de gueule ! C’est la réplique que lui a donné en chœur Internet quand il a annoncé samedi qu’il ferait tout pour qu’au moins 80% des Tchadiens aient accès à l’eau potable. Idriss Déby lançait à Abéché le projet d’adduction d’eau de cette ville, bâtie sur un socle et donc obligée de drainer de l’eau depuis un château d’eau installé des dizaines de kilomètres de la ville. Pour les Abéchois, la réalisation de ce projet cofinancé par la Banque Arabe du développement économique de l’Afrique (Badea) et le Fonds saoudien pour le développement ne sera qu’un ouf de soulagement quand on sait ce que représente la galère qu’ils éprouvent rien que pour avoir accès à de l’eau.
Pour la majorité de l’opinion, les propos du chef de l’Etat ont sonné comme une promesse électoraliste à laquelle ne croiront que ceux qui voudront. Comment expliquer qu’en près de trente ans, les statistiques d’accès à l’eau n’ont pas suivi la courbe des ressources que le pays a engrangé ? Les images de ces femmes obligées de parcourir des kilomètres à dos d’âne pour puiser de l’eau au fonds des Ouadis où bêtes et hommes se disputent et continueront à hanter encore longtemps la mémoire du voyageur qui a eu la chance de parcourir les territoires vallonnés de l’Est Tchadien. Que dire de ces châteaux d’eau inaugurés en grande pompe qui cessent de fonctionner au bout de quelques mois ? Pour sûr, les efforts en matière d’adduction d’eau sont plus portés par les partenaires au développement comme en témoigne le projet lancé samedi à Abéché et ceux en cours dans les autres provinces sans que la question de l’accès à l’eau potable ne connaisse des progrès significatifs. Même la ville de N’Djaména n’est pas sortie des ’’coupures’’ d’eau qui ponctuent les coupures d’électricité.
On ne peut cacher le soleil avec les mains. En bientôt trente ans de règne, Idriss Déby Itno a échoué à mettre à la disposition des Tchadiens de l’eau et de l’électricité. Deux services de base dans le monde moderne dont aucun pouvoir sérieux ne peut se passer. Sinon ce n’est rien d’autre qu’un constat d’échec pour un pays devenu pétrolier depuis plus de 15 ans. Et quand en 2019, Idriss Déby promet de tout faire pour que 80% des Tchadiens aient accès à l’eau potable, on a envie de lui rappeler que cela fait plus de dix ans que les Tchadiens ont repris avec le rappeur sultan ces airs, qui font encore écho sans réponse : «donnez-nous de l’eau, donnez-nous de l’électricité, donnez-nous de l’eau, donnez-nous de l’électricité».
La Rédaction