A l’occasion du forum Tchad-Monde arabe qui se déroule du 26 au 28 juin 2019 à N’Djaména, votre hebdomadaire a rencontré le directeur de recherche, prospective et des projets de la société nationale des mines et de la géologie (Sonamig) Dr Djimadoum Nambatingar qui a présenté ce jeudi 27 juin 2019 les projets de l’entreprise étatique aux investisseurs.
Dr Djimadoum Nambatingar : le sous-sol du Tchad regorge d’énormes potentialités dans le secteur minier. Notre pays dispose de l’or et cela s’explique par l’orpaillage qui s’opère dans plusieurs parties de notre territoire. Souvent, les grandes entreprises ne s’installent jamais dans un pays sans que ces orpailleurs n’aient prouvé l’existence de l’or. Mais il faut retenir qu’il y a beaucoup d’autres substances très intéressantes dont les métaux précieux. Nous avons tous les précambriens (roches d’âge primaire) souvent très riches en minéralisation qui affleurent. A cela j’ajoutent les grandes anomalies gravimétriques qui traversent tout le pays en diagonale et dans lesquelles la plupart des activités des orpailleurs se situent.
Qu’entendez-vous faire ?
Il est primordial de moderniser les exploitations qui s’opèrent en ce moment de façon artisanale.
Quels les moyens dont dispose le Tchad en termes de législation et de garantie pour les investisseurs ?
Le potentiel est là. Le nouveau code minier prend en compte les exigences des investisseurs mais aussi les besoins de notre pays. En outre, ce code est arrimé sur la vision commune (vision minière africaine) des chefs d’Etat africains qui consiste à exploiter les ressources du continent et à les transformer localement pour permettre aux populations de bénéficier de retombées de ces exploitations. Donc nous avons un code incitatif à l’endroit des investisseurs.
Qu’est-ce que ces exploitations peuvent apporter de plus au pays ?
Elles permettront de résorber le chômage et réduire la pauvreté. Le défi, mais surtout le côté excitant est de pouvoir mettre en place un secteur minier dynamique et durable qui va permettre en même temps de développer massivement le monde rural et booster l’accès à la modernité et à l’urbanisation.
Pourquoi le secteur minier est resté depuis longtemps non-exploité ?
Simplement parce que nous n’avons pas pu cartographier les indices depuis les années 1948-1960. Tout ce que nous avons comme indication, c’étaient les données d’Orstom qui, à l’époque était le bureau de recherche française et d’Outre-mer, puis les recherches faites dans le Mayo-Kebbi, le Ouaddaï mais aussi dans une partie du Guéra au début des indépendances avec l’appui des Nations-Unies. Nous avons des indices localisés mais qui ne sont pas développés. D’où l’importance de les quantifier pour que cela devienne des minerais, c’est-à-dire, économiquement intéressant. C ‘est ce qui a retardé peut-être le développement du secteur minier. Il y’avait aussi le code minier du Tchad qui date de 1995 qui était assez approximatif à l’époque. C’était juste un code qui devrait aussitôt être renouvelé et renforcé mais nous n’avons pas pu le mettre à jour. Beaucoup d’investisseurs attendaient qu’un nouveau code minier tchadien puisse prendre en compte des nouvelles exigences du secteur des industries extractives.
C’est ce qui est déjà fait depuis 2018. De ce fait, les conditions sont presque réunies pour que le Tchad devienne un Etat minier. Notre pays devait l’être depuis 20 ans. Mais cela n’est pas grave, l’important c’est de pouvoir choisir un bon modèle de développement. Donc il faut prendre les choses du bon côté. Si les autres pays ont commencé à exploiter leurs ressources minières comme le Mali, le Niger et le Burkina qui étaient au même niveau que nous il y a vingt ans, cela nous permet de voir leurs modèles et de choisir le meilleur.
Interview réalisée par Asnan Stanyslas