Le président des Transformateurs, Dr Succès Masra a livré à cœur ouvert, ce 15 juin 2019 au cours d’une conférence de presse, les raisons de son engagement politique et donne des clarifications sur les événements du 1er juin dernier, lors de l’officialisation du parti.
1heure, 10 minutes. C’est le temps qu’il a accordé aux journalistes pour échanger lors de cette première conférence de presse depuis l’officialisation du mouvement en parti politique le 1er juin dernier.
Droit dans ses bottes, le président des Transformateurs lance : « Il y a deux semaines, nous avons été touchés y compris physiquement mais nous sommes toujours debout, parce que l’espérance que nous sommes en train d’implémenter pour tout le Tchad nous donne de l’énergie. Si certains ont eu peur de ce que nous avons fait, ils doivent comprendre que nous sommes là pour qu’on compte avec nous pour les prochaines générations », clame Dr Succès Masra. Il assure que le souhait de son parti est de bâtir un Tchad avec tous les Tchadiens, sans adversité vis-à-vis de personne. « Nous n’avons ni adversaire, ni ennemi. Nous étions là et nous sommes là, parce que nous aimons notre pays et notre tricolore. Notre unique ennemi est le sous-développement et la misère ambiants. Notre adversaire commun le manque d’hôpitaux à l’extrême nord ou à l’extrême sud du pays qui fait que nos mères doivent monter sur un chameau ou sur une charrette et faire une cinquantaine de kilomètres pour trouver un centre de santé dans lequel il n’y a même pas de médicaments. L’adversaire, ce sont ces femmes qui meurent dans les hôpitaux, ces enfants qui ne peuvent pas étudier, nos parents ne peuvent pas partager trois repas par jour dans un pays de richesses abondante. C’est ces milliers de jeunes qui se forment et qui n’ont que la certitude du chômage comme résultat », ajoute-t-il.
« Etre transformateur, c’est être dans la proposition. Nous ne nous opposons à personne. Nous ne sommes pas seulement des opposants mais des transformateurs. Nous avons besoin de diagnostiquer. Mais nous ne nous arrêtons pas au diagnostic, car tout le monde le fait, même ceux qui sont au pouvoir reconnaissent la médiocrité de notre pays sur des questions de développement. Le diagnostic est fondamental mais au-delà de cela, nous devons être capables d’aller vers des propositions et des solutions. Etre transformateur, c’est être un thermostat, capable de réguler la température de notre pays plutôt que des thermomètres », renchérit-il.
Selon Dr Succès Masra, l’unique arme dont dispose son parti, est la méninge. « Les gens ont-t-ils eu peur des idées », s’interroge le président des Transformateurs qui assure que depuis toujours, les gens gouvernent par des idées.
S’agissant de la légalité ou non de son parti, il précise : « nous sommes totalement et légalement un parti politique au Tchad. Certains pensent que c’est parce que l’administration ne nous a pas répondu que nous sommes dans l’illégalité. Nous avons observé scrupuleusement l’article 15 de la loi 020 du 7 juin 2018 qui exige que lorsqu’au bout de six mois l’administration ne prend pas l’arrêté d’autorisation de fonctionner, le dossier de création du parti est réputé conforme à la loi ».
A la question de souveraineté évoquée par le régime pour dénoncer la demande de l’Ambassade des Etats-Unis au Tchad, le président des Transformateurs répond : « y a-t-il pire acceptation d’ingérence avec un aveu à l’appui qu’un constitutionnaliste dont on ne souvient pas du nom a obligé le général 4 étoiles à changer la constitution qu’il a juré devant Dieu, devant son peuple et sur l’honneur de ne jamais trahir. On a dit dans un stade qu’il n’y a pas de honte à demander de l’aide à un ami pour avoir un avion pour repérer les rebelles qui foncent sur N’Djaména, il n’y a pas de mal de vous donner sa capitale pour organiser un forum pour demander aux bailleurs d’investir dans un pays qu’on dit libre. Y a-t-il un mal d’aller se soigner chez son ami quand on est malade. Mais s’il n’y a pas de mal à cela, y a-t-il du mal que des amis pareils nous rappellent de respecter ce que nous avons promis ?»
Stanyslas Asnan