C’est un air de guérilla qui souffle sur le parti au pouvoir avec la campagne de restructuration en vue des élections législatives. La désignation des secrétaires généraux (Sgr) des conseillers provinciaux est à l’origine de fratricides batailles dans tout le pays. A Koumra, une marche des militants ’’autorisée’’ (tiens, tiens) a conspué la ministre, Mme Madidjian Ruth, deuxième personnalité du parti, accusée de soutenir un autre candidat que celui de la base. A Moundou, les 35 candidats au poste de Sgr (désormais Sgp pour être conforme avec la 4ème République) se neutralisent à tel point qu’on se demande d’où viendra le consensus. « Comme d’habitude, les ngambayes se sont entendus pour ne pas s’entendre », a lancé désabusé l’autre.
Ces deux évènements qui ne sont pas nouveaux en vérité, traduisent l’absence de culture démocratique au sein d’un parti aux commandes de l’Etat depuis trente ans. L’idéal démocratique aurait voulu que la base désigne ses représentants qui désigneront à leur tour ceux du pallier suivant et ainsi de suite. C’est ainsi que se construisent les partis de masse dans le vrai sens du terme. Au Mps, la masse est là, mais n’a pas voix au chapitre, en vérité. On s’en remet au président-fondateur qui seul a la clairvoyance de choisir le militant le plus méritant. Nous autres militants, ne sommes pas assez lucides et éduqués pour désigner nos représentants dans les organes du parti. La même logique prévaut pour les élections locales et législatives. La logique a été poussée à bout avec l’adoption de résolution par le congrès, instance suprême du parti, qui demande au président de désigner lui seul les membres du bureau politique. Circulez, il n’y a pas débat. C’est cela la démocratie du Mps.
Là se trouvent aussi les limites de l’escroquerie politique qui a consisté pendant ces années à couvrir d’un vernis démocratique un régime militaire pour ne pas dire une dictature. Aujourd’hui, le système est à bout de souffle et quoi qu’en dise Zène Bada, il redoute les élections, pour peu qu’elles soient organisées correctement.
C’est tout l’enjeu de cette période préélectorale pour la classe politique et la société civile. Ils doivent s’engouffrer dans la brèche ouverte par Bertrand Soret pour exiger une remise à plat du dispositif. Il faut un système qui n’exclut pas les jeunes des affaires publiques, il faut un système qui permette à tous de s’exprimer avec les moyens légaux, il faut en finir avec cette censure qui n’a de gain que la mauvaise publicité pour l’image du Tchad. C’est le moment de monter à l’abordage pour reconquérir le peu d’espace qui existait. On donnera ainsi une leçon de démocratie au Mps.
La Rédaction