Ainsi, l’histoire retiendra qu’Idriss Déby Itno a été le dernier chef d’Etat à rendre visite à son homologue Omar Hassan El-Béchir, président déchu du Soudan arrivé au pouvoir un an avant lui. Après l’Algérie, le Soudan est le 2ème pays africain à s’être débarrassé du système qui le gouverne depuis trois décennies. Comparaison n’est pas raison se sont empressés de commenter les défenseurs du système Déby rappelant que le Tchad n’est ni le Soudan moins encore l’Algérie. Ce qui n’est pas faux parce que le cas du Tchad est plus grave.
Les deux pays cités sont des Etats dans le vrai sens du terme. Avec des institutions ayant le sens de la République. A voir le nombre de manifestants dans les rues d’Alger et devant la caserne de Khartoum, on devine aisément le carnage qu’il y aurait eu s’il s’agissait de N’Djaména. C’est là la différence mais rien ne dit qu’au Tchad, un jour, le peuple ne pourra sortir pour exprimer son ras-le-bol. Le pouvoir l’a d’ailleurs si bien compris qu’il veille à interdire tout rassemblement qui à pousser le ridicule jusqu’à avouer, lui le gendarme du sahel, qu’il est incapable d’assurer la sécurité de son peuple même en pleine capitale. C’est la marque de fabrique du pouvoir en place qui n’hésite pas quand cela l’arrange à vider écoles et marchés pour remplir les tribunes. Là il n’y a pas de risque d’insécurité…
Mais qu’on ne s’y méprenne guère. Quelle que soit sa solidité tout système atteint son apogée fini par se disloquer. Le système Déby montre les signes d’épuisement accentué par les dysfonctionnements de la 4ème République qui, depuis un an n’a résolu les problèmes des Tchadiens. En témoigne l’exclusion sans gêne d’une partie de la société tchadienne, les chrétiens qui refusent de se soumettre au serment confessionnel au nom de leur foi. En témoigne la récente alerte sur la sécurité du chef de l’Etat ayant entrainé des arrestations puis un gros chamboulement dans l’appareil sécuritaire, étayée par les soupçons de défections et de sabotage au sein des troupes lors de l’offensive des rebelles de l’Union des forces de la résistance (Ufr) en février dernier. En témoigne encore la désagrégation du système de contre-espionnage au point où des agents de renseignement en arrivent, par milliers à trainer devant les prudhommes leur service pour « licenciement abusif ». Le tout marqué par une course à l’enrichissement dont les acteurs ne sont plus que les membres de la famille nucléaire du couple présidentiel.
Toute cette panoplie démontre les signes avant-coureurs d’un effondrement de la maison «Déby» si l’on y prend garde. Prendre garde n’est rien d’autre que de s’ajuster et admettre qu’on s’est trompé. Foncer tête baissée comme le fait le régime n’aura rien de productif sinon préparer le terrain à une anarchie sans pareil si Idriss Déby venait à disparaître. C’est ce que devrait comprendre tous ceux qui soutiennent et supportent le système politique en place d’une façon ou d’une autre. Demain, l’histoire retiendra qu’ils auront contribué à l’instauration du chaos parce que tout empire périra un jour.
La Rédaction