Dans une conférence de presse organisée à la sortie de la 1ère session ordinaire de l’année du comité de politique monétaire (Cpm) tenue ce jeudi 21 mars 2019, le gouverneur de la banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahamat Tolli a annoncé que le problème des États de cette zone n’est pas monétaire mais plutôt économique.
Le sujet anime les débats depuis quelques années. « Faut-il changer le franc Cfa » ? « Cette monnaie constitue-t-elle un handicap au développement des États africains dont ceux de la Cemac? » Économistes, intellectuels mais aussi dirigeants africains et occidentaux sont partagés sur le sujet. De l’avis du gouverneur de la Beac, Abbas Mahamat Tolli, le problème, pour ce qui concerne la zone Cemac n’est pas la monnaie elle-même mais plutôt économique. « Il y a une frange d’intellectuels qui entretiennent ce débat à l’approche des grandes réunions de la zone franc. A mon avis, notre problème n’est pas de nature monétaire mais il faut plutôt des reformes structurelles, un secteur privé dynamique, des gens qui font de l’innovation, transformer les bases de nos économies pour apporter plus de valeurs sur nos produits d’exploitation et créer beaucoup d’emplois », précise le président statutaire de la Beac.
Pour lui, le franc Cfa inspire la confiance auprès des partenaires. « Aujourd’hui dans toute la zone Cemac, vous n’avez pas à subir des coup de transaction. Nous avons un taux d’échange fixe qui permet de conserver le pouvoir d’achat des citoyens. Les chefs d’État de la zone Cemac ont pris au cours du sommet extraordinaire qui s’est tenu à Yaoundé 2016, 28 résolutions pour relancer et équilibrer le cadrage macroéconomique de nos pays et la 1ère résolution était d’éviter un ajustement monétaire. Presque trois ans aujourd’hui, nous avons de taux de couverture appréciables, notre position extérieur s’est nettement consolidée, nos pays ont reçu beaucoup d’appuis budgétaires de la part de nos partenaires et beaucoup de reformes ont été menées par nos États », estime-t-il.
Selon le gouverneur de la Beac, les accords monétaires avec les partenaires monétaires français ne sont pas statiques. « Il y a eu de reformes, de modifications et des amendements. Ce n’est pas un dicta du partenaire monétaire qui veut que nous soyons dans cette situation et ce n’est pas non plus une situation défavorable pour nos économies aujourd’hui. Pour l’avenir, l’évolution du dispositif actuel dépendra des réalités économiques et des résolutions de nos économies », assure Abbas Mahamat Tolli, qui annonce : « aux problèmes connus, il faut des solutions appropriées. On peut décider de changer de monnaie ou de nom et faire autre chose mais la monnaie n’a que des fonctions qui sont reconnues comme telles à toutes les autres».
Stanyslas Asnan