Le gouvernement tchadien décide de mettre sur pied un Comité technique de Haut niveau qui sera chargé d’étudier tous les contours de la problématique de la restitution et de proposer la voie idéale à suivre en vue de la restitution des pièces culturels pillés par les colons français. Cette annonce a été faite ce mercredi 20 mars 2019 par Mme Madeleine Alingué, ministre du développement touristique, de la culture et de l’artisanat.
En premier lieu le gouvernement va communiquer la position officielle du Tchad à l’opinion nationale ainsi qu’à la partie et ensuite prendre contact avec les autres pays africains concernés en vue d’une éventuelle démarche commune afin d’arriver à un résultat satisfaisant. « Le Tchad totalise le plus grand nombre d’objets spoliés, l’opportunité nous est donnée pour une réflexion approfondie sur notre patrimoine culturelle et la restitution des objets patrimoniaux est une étape essentielle à la mise en pratique de cette vision politique du gouvernement », a indiqué Madelène Alingué. Selon la ministre, la procédure de la restitution est une opération d’envergure qui implique que plusieurs conditions soient préalablement réunies : un travail technique d’inventaire, la mobilisation d’importantes ressources humaines, financières, matérielles, l’élaboration concertée et le partage d’un savoir-faire des restitutions, la création d’un cadre juridique adapté.
En rappel, à la demande du président français, Emmanuel Macron, deux universitaires de nationalités sénégalaise et française, ont publié en novembre 2018 un rapport intitulé « rapport sur la restitution du patrimoine culturel français vers une éthique relationnelle ». Selon les auteurs, on compte actuellement dans les collections publiques françaises 88. 000 objets provenant de l’Afrique subsaharienne. Une grande partie (70. 000) se trouve concentré au seul musée au Quai Branly Jacques Chirac (Paris). A défaut d’un catalogue unique des collections africaines en France, l’étude s’est basée sur 70. 000 objets de l’unité patrimoniale »Afrique » du musée de Quai Branly. Leur analyse aboutit au résultat inattendu selon lequel, le Tchad arrive en tête avec 9 296 pièces. Il est suivi du Cameroun (7 838), du Madagascar (7 590) et du Mali (6 910). Partant de ces conclusions, de nombreux gouvernements africains ont pris position en faveur de la restitution de leur patrimoine spolié. « Le Tchad ne saurait être du reste », justifie Mme le ministre.
Guidjindandi Djono
Le Tchad entend rapatrier ses 9296 objets culturels spoliés par la France
